Ce blog rassemble pour l'essentiel mes textes parus dans la presse suisse romande, notamment dans l'Impartial/l'Express, Gauchebdo, le Courrier, Domaine public et le Temps.

19 novembre 2007

Des congressistes résolus

« En l’état le budget 2007 est inacceptable », estiment les 31 militants qui ont participé dimanche dernier au Congrès du POP neuchâtelois à la Maison du Peuple de La Chaux-de-Fonds. Bien que des divergences soient apparues sur la question de savoir si le Parti socialiste neuchâtelois était ou non « ultra-libéral », personne n’est content de la politique actuelle du Conseil d’Etat. La première majorité « de gauche » de l’histoire du Canton a amèrement déçu. Jean-Pierre Renk, venu représenter nos alliés de Solidarité, a même parlé de « trahison ».

Bien que le budget 2007, à la faveur d’une conjoncture économique favorable, s’annonce « moins pire » que celui de 2006, il reste en deçà de celui de 2005, le dernier voté par la défunte majorité libérale-radicale. Par exemple, l’aide sociale, qui était inférieure aux recommandations fédérales en 2006, serait remise au niveau de ces dernières, mais ne retrouverait malgré tout pas le niveau qui était le sien à l’époque de la droite.

Cette politique du « demi-retour », ce « cran en moins à la ceinture », que le Conseil d’Etat veut appliquer également aux prestations complémentaires et aux subsides de l’assurance-maladie, est inacceptable pour le POP, qui exige le « retour à la situation qui prévalait en 2005 ». Il en fait « une condition minimum pour accepter le budget 2007 ». D’autant plus que le seul sacrifice qui était demandé aux riches en 2006, l’impôt sur la fortune, sera supprimé en 2007. Les députés popistes présents se sont donc déclarés résolus à refuser le budget si nécessaire et à ne pas répéter leur erreur de l’an dernier, où ils avaient accepté un budget catastrophique qui a entraîné des pertes de pouvoir d’achat de plusieurs milliers de francs pour de nombreux ménages.

« L’an dernier, nous avons été pris de cours et nous n’avons pas osé refuser le budget six mois seulement après le changement de majorité, de peur que le PS s’allie avec la droite », nous a expliqué Laurence Boegli. Mais cela s’est révélé plus catastrophique que ce que le POP croyait. Plusieurs camarades étaient d’avis que nous nous sommes fait rouler par le « marchand de tapis » Jean Studer. Ce dernier espère sans doute maintenant, après avoir plongé notre tête sous l’eau en 2006, obtenir notre reconnaissance en nous laissant respirer une petite bouffée d’air en 2007. Nous devons donc nous méfier des « presque » et des « petits caractères dans le contrat », de la part d’un gouvernement qui est souvent à « gauche dans le discours et à droite dans les faits ».

Le POP se retrouve ainsi dans la situation un peu gênante de devoir refuser un budget 2007 pourtant « moins pire » que celui qu’il avait accepté pour 2006. Il est donc important qu’il admette publiquement qu’il a commis une erreur à l’époque, ce qu’ont déjà fait certains députés. On se plaira à constater que personne n’a cédé à la facilité de leur faire des reproches à ce sujet, ce qui est révélateur de la bonne ambiance qui a régné samedi après-midi.

Des privatisations rampantes
Si les prestations sociales destinées aux plus démunis ont été au centre des débats, les sujets de mécontentement ont été innombrables. Qu’on pense à l’école, où le gouvernement ne se pas contente d’augmenter le nombre d’élèves par classe, mais s’attaque également aux classes spéciales destinées aux élèves maîtrisant mal le français. Il a même privé les élèves des degrés 6 et 7 de psychologues scolaires. Les militants ont également été choqué par le projet de « salaire au mérite » pour les pensionnaires des EMS, l’idée étant que ceux d’entre eux qui sont trop malades pour profiter de leur argent de poche ne le recevrait plus.
Dans sa déclaration finale, le Congrès a notamment dénoncé « les privatisations rampantes de plusieurs tâches essentielles de l’Etat », telles que les hôpitaux, les soins à domiciles, la psychiatrie ou les institutions spécialisées. Il s’est également inquiété des disparités de plus en plus grande entre les différentes régions du Canton, et en particulier des rumeurs de démantèlement de services dans les hôpitaux du Locle, de La Chaux-de-Fonds et de Couvet.

Vers un scénario inédit ?
Quelques militants ont profité de la présence de vieux routards de la politique pour leur demander ce qui se passerait si le budget ne passait pas la rampe du Grand Conseil, hypothèse qui se réaliserait si et la droite et le POP votaient « non ». La réponse est que dans le cas où aucun budget n’était adopté avant le 1er janvier 2007, le catastrophique budget 2006 serait reconduit mois par mois jusqu’à ce qu’éventuellement les députés parviennent à se mettre d’accord sur autre chose.
Il importe que les militants du POP se mettent dès maintenant à réfléchir aux stratégies à adopter dans un tel scénario, loin d’être improbable bien qu’inédit dans le canton.

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