Dans
une interview parue dans le Temps du 15 novembre, l'ancien ministre
allemand Joschka Fischer appelle la France et les pays du sud de
l'Europe à imiter le modèle allemand dont il fut autrefois un des
instigateurs : produire plus et consommer moins.
Cette politique de la fourmi est d'une certaine manière un succès
et a permis à l'Allemagne de conquérir de nombreux marchés. Mais
un pays qui exporte plus qu'il n'importe a pour contrepartie
nécessaire, c'est de la mathématique élémentaire, d'autres pays
qui importent plus qu'il n'exportent et finiront tôt ou tard par ne
plus pouvoir payer. La politique hyper-compétitive de l'Allemagne
est donc une des principales causes des actuels problèmes de
l'Europe du Sud. Joschka Fischer devrait comprendre qu'il est
impossible que tous les pays du monde deviennent des exportateurs
nets, sauf à trouver de nouveaux marchés sur la planète Mars. La
solution consiste donc à faire l'exact contraire de ce qu'il
préconise : mieux distribuer le pouvoir d'achat afin que le
monde puisse, tout simplement, consommer ce qu'il est capable de
produire. L'austérité n'aurait de sens que si elle ne portait que
sur les activités les plus polluantes. Mais la décroissance non
ciblée vers laquelle nous semblons aller – moins d'éducation,
moins de services médicaux, moins d'infrastructures, moins de
nouvelles énergies – n'est qu'une autodestruction pure et simple.