Ce blog rassemble pour l'essentiel mes textes parus dans la presse suisse romande, notamment dans l'Impartial/l'Express, Gauchebdo, le Courrier, Domaine public et le Temps.

25 octobre 2010

Les économistes sont-ils vraiment des scientifiques?


L'Impar-Express du 19 octobre nous explique les arguments des opposants à l'initiative socialiste « pour des impôts équitables ». Ils en appellent à « l'opinion de scientifique » du professeur Bernard Dafflon. Chacun est libre de ses opinions politiques, mais il n'est pas sérieux de faire croire qu'il s'agit de « science ». Ainsi, les opposants prétendent que l'initiative va rendre "les cantons périphériques" vulnérables face à la concurrence internationale. En réalité, elle vise justement l'inverse: nous préserver de la dangereuse concurrence fiscale des cantons de Suisse centrale. Les opposants s'inquiètent également de la perte d'autonomie fiscale des cantons. Mais n'oublions pas que ceux-ci n'ont ni leur propre monnaie, ni le droit de taxer les produits qui traversent leurs frontières. A partir du moment où entreprises, individus et capitaux circulent librement, pourquoi devrait-il y avoir des impôts différents à quelques kilomètres de distance? A tout espace économique unifié devrait correspondre un système fiscal unifié, faute de quoi règne une concurrence fiscale qui ne profite qu'aux privilégiés. L'accumulation de richesse par une petite minorité signifie moins d'argent pour la vaste majorité, donc moins d'activité économique. L'initiative socialiste, qui contribue à réduire les inégalités, est donc une excellente mesure pour lutter contre cette crise qui ne fait peut-être que commencer. En donnant plus de moyens à l'Etat, elle pourrait permettre à ce dernier de diminuer les charges financières qui pèsent sur Monsieur et Madame Tout-le-monde, ainsi que de financer les investissement dont nous avons besoin en matière de transports, de santé ou d'énergie renouvelables.

Non publié

15 octobre 2010

initiative socialiste et liberté

Journal possédé par des riches, le Temps défend les intérêts des riches. Dans son article du 13 octobre, Emmanuel Garessus qualifie l'initiative socialiste contre les abus de la concurrence fiscale de "menace pour la liberté". Il n'a visiblement pas compris la différence entre la liberté, droit à décider de sa propre vie, et le pouvoir, droit à décider de la vie des autres. A partir d'un certain niveau, la richesse relève clairement de la seconde catégorie. M.Garessus déplore également que les cantons risquent de perdre leur "souveraineté fiscale". Mais la concurrence fiscale entre cantons, et plus largement entre pays, ne sert qu'à préserver les intérêts de ceux qui ont les moyens de déplacer leur domicile comme bon leur semble. Contre ce tourisme de l'évasion fiscale, la logique et l'équité voudraient qu'à tout marché unique corresponde un système fiscal harmonisé. Cela garantirait aux Etats les moyens financiers de cette souveraineté que M.Garessus prétend défendre. En récupérant une partie plus importante de la richesse accaparée par une minorité, l'Etat pourrait se donner les moyens d'assurer des prestations de qualité en baissant les impôts des classes modestes et moyennes. Pour la plupart des gens, l'initiative socialiste est donc tout le contraire d'un "programme de hausse d'impôts". La seule chose qu'on puisse lui reprocher, c'est qu'elle ne dépasse pas les frontières de la Suisse, alors que l'Union europénne aurait un urgent besoin d'une réforme du même genre. Dans un grand moment de comique, M.Garessus affirme également que "les cantons en bonne santé recevraient davantage d’argent que nécessaire et seraient incités à le dépenser dans des tâches superflues". Il pense apparemment que les particuliers ne font jamais rien de "superflu". Si on le suit jusqu'au bout, une Rolls Royce ou une piscine privée, c'est utile, alors que des transports publics performants ou des piscines municipales haut de gamme, c'est superflu. Lorsque la Norvège, pays qui a "trop" de revenu, fait des réserves pour les générations futures, c'est superflu, au contraire des bulles spéculatives gonflées par ces riches qui utilisent l'argent tellement mieux que les autorités élues démocratiquement.

01 octobre 2010

Libéralisation et contrats-prisons

En première page du Temps du 30 septembre, Bernard Wutrich fait un éloge appuyé de la « libéralisation » qui « peut  inciter les opérateurs à améliorer leurs offres ». « Le marché des télécommunications en est la preuve », affirme-t-il. Il ne semble pas y avoir de limite à la foi de M.Wutrich dans le pouvoir privé des entreprises et à sa méfiance envers le pouvoir public contrôlé démocratiquement. En parlant de télécommunications, l’entreprise Cablecom vient de m’envoyer mon nouveau contrat. Tenez-vous bien: dans un an le contrat sera automatiquement reconduit pour une nouvelle période de douze mois, sauf si je le résilie avec trois mois de préavis. Ce qu’on appelle la « libéralisation » m’a donc amené à signer un "contrat-prison" abject, qui vise à me piéger et dont la seule justification est justement d’empêcher la concurrence : Cablecom veut qu’il me soit plus difficile de changer d’opérateur. J’espère que cet exemple fera un peu mieux comprendre à M.Wutrich que pour les capitalistes, la concurrence n’est qu'un prétexte hypocrite et un moyen d’arriver au monopole. 
 
Envoyé à la date ci-dessus. On m'a dit que c'était passé