Ce blog rassemble pour l'essentiel mes textes parus dans la presse suisse romande, notamment dans l'Impartial/l'Express, Gauchebdo, le Courrier, Domaine public et le Temps.

17 mai 2016

De la difficulté d'être grand patron


Entre autres compétences pointues, un chef d'entreprise devrait connaître de manière approfondie l'organisation qu'il dirige, ce qui ne peut être acquis qu'au prix de longues années d'expérience à l'interne. Il est donc un peu surréaliste qu'il existe une sorte de “marché des transferts” des PDG (ou des CEO comme on dit en anglais). Comment une personne extérieure peut-elle être nommée à la tête d'une grande compagnie et en définir les orientations stratégiques après quelques mois ? A moins, bien sûr, qu'elle ne se contente de reprendre les idées de ses conseillers, comme le faisaient jadis ces rois qui héritaient de pays dont ils ne savaient même pas la langue. Mais on voit alors très mal ce qui justifierait les hyper-salaires de nos oligarques, auxquels il faut chercher d'autres explications. Renvois d’ascenseurs entre copains ? Superstition du prix, semblable à certaines œuvres d'art moderne que personne ne comprend ni n'apprécie authentiquement mais qu'on a peur de critiquer parce qu'elles coûtent cher ?
La quasi totalité de la classe politique s'oppose à l'initiative “Pro service publique” au motif que les entreprises publiques ne trouveraient pas de dirigeants compétents d'accord de travailler pour un demi-million par année. Pourtant, si ces gens détestent leur boulot à ce point-là, si leur existence est tellement vide qu'un demi-million annuel ne suffise pas à leur bonheur, on a peine à croire qu'il puissent être efficaces et il est sans doute mieux qu'ils aillent se faire surpayer ailleurs.