Ce blog rassemble pour l'essentiel mes textes parus dans la presse suisse romande, notamment dans l'Impartial/l'Express, Gauchebdo, le Courrier, Domaine public et le Temps.

13 mai 2012

Plus on gagne, moins on paie!

Il y a des notions peu connues que tout le monde devrait connaître. Ainsi, il est regrettable que la différence entre le taux d'imposition moyen et le taux marginal ne soit pas enseigné dans les écoles, où les mathématiques sont souvent trop éloignées des réalités concrètes. Prenons l'exemple d'une personne domiciliée à La Chaux-de-Fonds dont le revenu imposable est de 40 000 francs. Elle devra payer un impôt, commune et canton compris, de 16% ; c'est le taux moyen. Si son revenu augmente, chaque franc supplémentaire sera imposé à 28% ; c'est le
taux marginal. Ce que le  contribuable doit payer au total représente donc un pourcentage moindre que ce qu'il doit payer sur la partie supérieure de son revenu. Celui-ci est découpé en tranches qui sont chacune imposées à un taux différent : 0% pour les 5000 premiers francs, 4% pour les 5000 francs suivants, etc. Ce taux augmente sans cesse jusqu'à atteindre 36% pour la partie du revenu située entre 150 000 et 180 000 francs, puis - surprise!- redescend à 29% à partir de 180 000 francs. Les augmentations de salaires sont donc moins imposées pour les très très gros revenus que pour les très gros revenus. On peut se demander si la majorité des habitants du canton pense vraiment qu'il s'agit d'un bon système, pour autant qu'on veuille bien le lui expliquer. Il est regrettable que la commission de fiscalité, dans son rapport du 23 mai, se contente de proposer de baisser légèrement ces taux (34% entre 155 000 et 195 000 francs et 28,23% à partir de 195 000 francs). Une remise en question plus approfondie aurait été souhaitable.
N.B. : Pour les habitants d'autres communes, les chiffres peuvent être différents de ceux de la Chaux-de-Fonds, mais le raisonnement sera exactement le même. A tout cela s'ajoute bien sûr l'impôt fédéral direct. Là, il faut être vraiment richissime pour voir le taux marginal baisser. Pour les célibataires, 13,5% entre CHF 134 000.- et CHF 755 000.-, puis 11,5% à partir de CHF 755 000.-; pour les couples mariés, 13,2% entre CHF 145 000.- et 895 000.-, puis 11.5%.

07 mai 2012

Une idée trop audacieuse


« Qui ose critiquer la pensée dominante ? » Tel est le titre d'un article d'Andreas Höffert (le Temps, 7.5.12), qui se lamente à juste titre du manque d'idées des économistes « orthodoxes », qui n'ont rien à proposer pour sortir de la crise. Aveu magnifique de la part d'un économiste en chef de l'UBS ! A première vue, il est vrai, la crise est mystérieuse. Pourquoi l'économie ne fonctionne-t-elle plus alors qu'il n'y a eu ni tsunami, ni guerre, ni épidémie ? En fait, il s'agit d'un simple problème de lubrification. Les échanges sont bloqués parce l'argent, qui est à l'économie ce que l'huile est à un moteur, ne circule plus suffisamment. De nos jours, dans une grande partie du monde, ceux qui contrôlent la richesse font la grève de l'investissement : le peuple des moutons, trop tondu, n'a plus assez de laine et n'est plus un placement rentable. Sans investissements, l'économie ne peut pas redémarrer. Si l'économie ne redémarre pas, les investissements continueront à ne pas être rentables. Voilà un cercle vicieux dont nous ne sommes pas près de sortir. Comment les Etats pourraient-ils à la fois se désendetter et investir, sans chercher le profit, l'argent que la finance ne veut plus investir ? Comment donner à la population le pouvoir d'achat qui permettrait de relancer l'économie ? Cela semble impossible, à moins de mieux redistribuer les richesses. Mais il s'agit visiblement d'une idée bien trop audacieuse pour M.Höffert et les économistes orthodoxes.