Ce blog rassemble pour l'essentiel mes textes parus dans la presse suisse romande, notamment dans l'Impartial/l'Express, Gauchebdo, le Courrier, Domaine public et le Temps.

01 septembre 2012

L'impôt sur la valeur locative est-il vraiment injuste?

Mme A, propriétaire à 100% de son logement, gagne 3000 francs, sans loyer à payer. Sa collègue Mme B paie CHF 1000.- de loyer, pour un logement identique à celui de Mme A, mais gagne 4000 francs car elle fait des heures sup'. Mme A et Mme B ont donc exactement le même niveau de vie. Elles paient le même impôt, car l'Etat considère correctement que Mme A jouit d'un revenu en nature de CHF.- 1000.-, un revenu de pierre bien solide, qui n'a rien de “fictif”. Mme A pourrait d'ailleurs le transformer en revenu monétaire à tout instant, simplement en prenant un locataire.
Il est ahurissant que la majorité de la classe politique, y compris des socialistes égarés, puisse considérer que Mme A, la propriétaire, soit victime d'une injustice. Si quelqu'un mérite une baisse d'impôts, c'est plutôt Mme B, la locataire, qui doit travailler plus que Mme A pour le même niveau de vie.
Certes, Mme A a dû travailler pour acheter son logement. Il n'en demeure pas moins qu'elle bénéficie d'un supplément de revenu, car elle jouit de son logement sans que sa valeur ne diminue. Elle gagne donc de l'argent grâce à sa fortune, au même titre que si elle l'avait investi en bourse. Il est juste que ce supplément soit imposé.
Les notions de mérite et d'enrichissement par le travail sont centrales dans notre société. Pourtant, la majorité semble estimer que l'argent gagné avec de l'argent doit être moins imposé que l'argent gagné en travaillant. C'est à se demander si les historiens du futur y comprendront quelque chose.

Deux trajets pour le prix d'un

Toutes les dépenses sont désagréables, mais certaines sont parfois incontournables. Ainsi, il est idiot de repousser une visite chez le dentiste pour faire des économies. De même, dans notre pays où on se déplace de plus en plus, il faut investir dans les transports publics. Même les automobilistes les plus accros, incapables de marcher cinq minutes (pour de bonnes ou de mauvaises raisons), ont tout intérêt à ce qu'on transfère une partie du trafic vers le rail. La Vue-des-Alpes est déjà saturée. En 2022, date prévue pour la mise en service, le Transrun sera devenu urgent pour accueillir au moins une partie des automobilistes en trop. On devra aussi augmenter les cadences sur les autres lignes. Or, le Transrun, qui entrera à Neuchâtel par le côté est, laissera de la place à l'ouest, dans le fameux goulet de Vauseyon, pour d'avantage de trains en direction de Fleurier ou Lausanne.
De sympathiques amateurs proposent des alternatives au Transrun. Ils ne rendent pas compte que les CFF ne creusent pas des tunnels au hasard, mais en fonction de l'ensemble du réseau suisse, en établissant les horaires des années à l'avance pour 75 000 trains par jour.
En réduisant de moitié la distance entre Neuch et la Tchaux, on usera deux fois moins les locomotives et les wagons et on payera deux fois moins longtemps le personnel. On pourra donc faire deux trajets pour le prix d'un, même si on ne sait pas encore si l'argent ainsi économisé sera utilisé pour faire baisser le prix du billet, pour financer les lignes de bus pour les villages ou simplement pour améliorer le budget de l'Etat et compenser une partie des frais de percement du tunnel.