Ce blog rassemble pour l'essentiel mes textes parus dans la presse suisse romande, notamment dans l'Impartial/l'Express, Gauchebdo, le Courrier, Domaine public et le Temps.

11 novembre 2007

Comment éclairer un pays opaque ?

Une fois de plus, Sébastien Guex, invité par ATTAC à la Maison du Peuple de La Chaux-de-Fonds, n’a pas laissé ses auditeurs indifférents. Le professeur-assistant de l’Université de Lausanne a le rare talent d’exposer des thèmes ardus en mots simples et passionnants, mettant ainsi un peu de lumière sur ce pays extrêmement opaque qu’est la Suisse.
On ne peut que regretter que sa conférence n’ait été suivie que par le cercle des enthousiastes habituels, soit à peine une trentaine de personne. Il serait peut-être judicieux, à l’avenir, d’inviter cet orateur percutant à débattre avec une personnalité de droite, afin que ses idées atteignent un auditoire plus large.
Le principal enseignement qu’on peut tirer de la soirée est l’incroyable richesse de la bourgeoisie suisse. Cela ne semble pas être un scoop. Pourtant, qui dans l’auditoire savait que depuis 26 ans consécutifs, la Suisse, fait peut-être unique au monde, a un excédent de balance courante ? En langage claire, cela veut dire que chaque année, il y a plus d’argent qui rentre dans le pays que d’argent qui en sort, si on prend en compte à la fois le payement des biens et des services et les intérêts des capitaux.
Il est assez impressionnant qu’au cours de cette période de fantastique accumulation de capital, on ait réussi à populariser l’image d’une Suisse affaiblie et en crise, notamment grâce aux fameux 130 milliards de dettes de la Confédération, qu’on nous sert matin midi et soir, alors même qu’en réalité il sont largement compensés par la fortune colossale de la Banque nationale.
La richesse des entreprises, est également largement sous-estimées. Ainsi, un historien qui a eu la chance d’accéder aux archives SBS de l’entre-deux-guerres est arrivé à la conclusion que les bénéfices déclarés étaient de 80% inférieurs aux véritables chiffres. Des conclusions semblables ont été obtenues pour trois autres entreprises, et tout laisse penser que ce genre de pratiques est encore florissant de nos jours.
A l’issue de la conférence, on ne peut que se demander comment faire suffisamment peur à la bourgeoisie pour qu’elle redistribue une partie de sa phénoménale richesse. Ne négligeons pas la vulgarisation de certaines données de nature à soulever l’indignation du public, comme le fameux 1% d’impôt sur le bénéfice payés effectivement par les entreprises dans le Canton de Neuchâtel, chiffre que le gouvernement neuchâtelois a été obligé d’admettre grâce au brillant travail d’ATTAC.
Cet exemple est à suivre et on ne peut qu’encourager les militants à tout faire pour mieux connaître et faire connaître la situation de leurs cantons respectifs, autant en ce qui concerne la fiscalité des entreprises que de la véritable situation financière des collectivité publiques, dont la comptabilité n’est peut-être pas toujours présentée d’une manière digne de confiance.

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