Ce blog rassemble pour l'essentiel mes textes parus dans la presse suisse romande, notamment dans l'Impartial/l'Express, Gauchebdo, le Courrier, Domaine public et le Temps.

31 août 2011

La BNS et ses déficits. (écrit pour le journal La Liberté).

L'être humain a la fâcheuse tendance à confondre les créations de son esprit avec la réalité. Ce n'est nulle part plus vrai qu'en comptabilité, où un raisonnement purement mécanique peut amener à des conclusions abracadabrantesques. Toute la Suisse s'est persuadée, à tort, que la Banque nationale a perdu de l'argent à cause de la baisse de l'euro. Rappelons qu'en 2010, la BNS a acquis de gigantesques quantité de devises étrangères, au point que ses réserves ont presque doublé. Actuellement, ces réserves, principalement constituées d'euros (55% du total), de dollars (25% du total) et de yens (10% du total), représentent à peu près 200 milliards de francs suisses, montant qui varie en fonction du taux de change. Or, depuis janvier 2010, l'euro a perdu 22% de sa valeur par rapport au franc, et l'euro 22%. A cause des ces baisses, la BNS a vu fondre la valeur de ses réserves de devises, exprimée en francs suisses, et aurait « perdu » la somme gigantesque de 44 milliards de francs. Pourtant, cette perte n'est qu'une question de point de vue et n'existerait tout simplement pas si la BNS tenait sa comptabilité en dollars, principale monnaie mondiale, ou en euros, monnaies de nos principaux partenaires commerciaux. La BNS aurait même constaté une énorme plus-value de son stock d'or (actuellement aux alentours de 40 milliards de francs), car le métal jaune a gagné plus de 50% face à l'euro et au dollar depuis janvier 2010. Ceci étant établi, la question est la suivante : la quelle des deux méthodes de comptabilité est-elle la plus sensée ? Il me semble quant à moi que la question est vite décidée. Si cet article vous fait sauter en l'air, sachez bien que c'est vous qui montez et non le sol qui descend. De même, c'est bien notre petit franc suisse qui est monté et non les grandes monnaies de référence de l'économie mondiale qui ont baissé. Il serait temps que les dirigeants de la BNS s'en rendent compte et redistribuent une partie de leurs bénéfices aux cantons, comme l'an dernier, au moment ou l'économie s'achemine probablement vers la récession et a un grand besoin d'investissements.

SOURCES
Le rapport de la BNS au 30 juin est accessible à partir d'un article du Temps :
http://ww.w.letemps.ch/Page/Uuid/233efe84-b9a7-11e0-851d-ec67c3f3ac80|1

Pour l'historique des taux de change :
http://www.oanda.com/lang/fr/currency/historical-rates/

Pour la composition des réserves de change de la BNS :
http://www.snb.ch/fr/iabout/assets/id/assets_reserves

Pour le bilan 2009 de la BNS
http://www.snb.ch/fr/iabout/snb/annacc/id/snb_annac_balance

Pour le cours de l'or
http://www.cpordevises.com/or/cotations/cours-or-pays/06-2011/


PS, j'aurais aimé pourvoir fournir des chiffres plus précis. Mais la comptabilité fournie par la BNS sur son site est peu claire. En effet, on y trouve uniquement le montant des réserves exprimé en francs suisses et il est impossible de suivre avec précision le stock d'euros (exprimé en euros), le stock de dollars (exprimé en dollars) et le stock d'or (exprimé en or) comme j'aurais aimé le faire. Voilà qui illustre à merveille le propos exprimé dans mon texte.

29 août 2011

Le déficit mythique de la BNS

Les pertes de la BNS défraient la chronique. On annonce qu'elle ne pourra pas reverser de l'argent aux cantons, ses réserves en euros ayant perdu de la valeur. La BNS évite également d'acheter des euros, par peur que ceux-ci baissent, ce qui lui avait, dit-on, fait subir des pertes l'an dernier. Pourtant, une question élémentaire vient à l'esprit : est-ce bien l'euro qui a baissé ou bien le franc qui est monté ? Y a-t-il une raison sérieuse de tenir la comptabilité de la BNS en francs suisses, plutôt qu'en dollars, monnaie internationale de référence, ou en euros, monnaie de nos plus important partenaires commerciaux, voire en or ou en fonction d'un panier de matières premières? Si on procédait selon l'une de ces méthodes, on arriverait certainement à la conclusion que la BNS n'a rien perdu du tout. Or, compte tenu de la taille de notre économie par rapport au reste du monde, considérer que notre devise est la mesure de toutes choses revient à faire tourner le soleil autour de la terre. Rappelons que les réserves de la BNS servent avant tout à garantir la force du franc suisse par rapport aux devises étrangères et qu'elle n'en a donc pas besoin pour l'instant. En imaginant qu'un jour, sans doute lointain, la BNS doive intervenir contre un franc trop bas, alors ses réserves auront repris toute leur valeur.

Chagaev l'affable

Le rêve de Xamax

Imaginons un instant que Xamax soit premier du championnat suisse et que son propriétaire Bulat Chagaev soit un type affable offrant des fleurs à ses joueurs après chaque match, quel que soit le résultat. Imaginons aussi que sa fortune ait été acquise de manière parfaitement légitime (quoique je peine à croire qu'on puisse devenir milliardaire en étant vraiment honnête). Eh bien, même si tout cela était vrai, je trouverais quand même toute cette histoire profondément pathétique. Il est consternant que M.Chagaev soit dépourvu de toute idée intelligente pour utiliser son argent. Alors qu'il pourrait financer des hôpitaux dans son pays, aider les plus pauvres ou promouvoir les énergies renouvelables, il préfère se payer un joujou bling-bling pour se faire reluire l'ego et promouvoir son image de marque. Par bonheur, il ne s'y est pas très bien pris. Cela nous évitera le spectacle consternant des fans criant « on est les meilleurs » simplement parce que leur club à plus d'argent que les autres.