Ce blog rassemble pour l'essentiel mes textes parus dans la presse suisse romande, notamment dans l'Impartial/l'Express, Gauchebdo, le Courrier, Domaine public et le Temps.

17 octobre 2008

Argent public détourné pour l'UBS

Je suis peut-être méfiant de nature, mais « les actifs toxiques » ne m'inspirent pas confiance. « La banque centrale assume tous les risques, car UBS - à qui la gestion des actifs sera déléguée - est totalement déliée de l'obligation de rembourser s'il y a des pertes », nous apprend Le Temps (17.10). Jean-Pierre Roth, directeur de la Banque nationale suisse, ne me rassure guère lorsqu'il affirme que « la diversité des actifs toxiques repris devrait permettre de limiter les dégâts ». Car cela sous-entend que dégâts il y aura, sous forme de cadeaux purs et simples des contribuables aux actionnaires de l'UBS. Même un petit pourcentage des 54 milliards avancés par la Banque nationale suisse, cela fait une somme rondelette.
Il était pourtant élémentaire d'éviter cela. La nécessité de sauver l'UBS n'est en rien une excuse à ce qui ressemble à un détournement de fonds pur et simple. Car on aurait pu exiger que les prévisibles pertes sur les actifs toxiques soient à la charge de l'UBS. Il serait tout simplement normal qu'on bloque tout versement de dividendes aux actionnaires tant que l'Etat n'aura pas été remboursé.
On a un peu trop tendance dans cette crise, à concentrer la critique sur les rentes abusives des PDG (refusons-nous à parler de salaires).  C'est oublier que les dividendes des actionnaires sont encore moins le fruit légitime d'un travail et que la seule chose qui les justifie, c'est que la mise de départ peut être perdue. Rappelons en effet qu'en cas de faillite, les actionnaires ne peuvent recevoir de l'argent que si tous les autres créanciers ont pu être remboursés au préalable.  
En mettant sur pied un montage financier où les pertes seront épongées par la collectivité alors que les actionnaires encaisseront de nouveau des dividendes dans un avenir proche, le Conseil fédéral, qui semble avoir oublié les principes les plus élémentaires du capitalisme, fait de nous une république bananière. Pendant que nous y sommes, pourquoi ne pas rembourser les gens qui perdent au casino? 

Lettre de lecteur publiée dans le Temps, octobre 2008