Ce blog rassemble pour l'essentiel mes textes parus dans la presse suisse romande, notamment dans l'Impartial/l'Express, Gauchebdo, le Courrier, Domaine public et le Temps.

12 avril 2011

Contrats-prisons: pour une loi libératrice

S’il est un principe central de notre société, c’est bien la libre concurrence, qui implique le libre choix du consommateur. Pourtant, il est dans la logique même des entreprises d’essayer de limiter cette liberté. Prenons l’exemple des contrats de téléphone et de radio-télévision, qui prévoient très souvent un renouvellement automatique d’un an, voire même deux, si le contrat n’est pas résilié à temps, avec un préavis de trois mois. Ce fil attaché à la patte de l’abonné n’a qu’une seule «justification»: l’empêcher de faire marcher la concurrence.

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11 avril 2011

Une vérité pas toujours vraie

"Tous les pays, y compris les pays pauvres, ont intérêt à abolir les barrières douanières". C'est ce que nous affirme péremptoirement Ram Etwareea dans son édito du 30 mars, en première page du Temps. Certes, le commerce, en principe, est créateur de richesses. Chaque partenaire se séparant de ce qu'il a en trop en échange de ce dont il manque, tout le monde, normalement, devrait en profiter. Pourtant, ce principe n'est pas toujours valable, notamment dans le cas d'échanges entre pays. Il arrive souvent que seuls certains habitants en bénéficient alors que la majorité y perd. Par exemple, l'afflux de produits bon marché, bien que profitable aux consommateurs dans l'immédiat, peut détruire des secteurs industriels entiers, alors que leur seul tort est d'avoir un léger retard technologique sur la concurrence internationale. Le commerce peut également favoriser les pays où l'environnement et les travailleurs sont les moins protégés, car c'est souvent là que les entreprises font le plus de profit. Je ne doute pas que M.Etwareea sache tout cela car, pour autant que je sache, tous les défenseurs du libre-échange admettent qu'il y a des exceptions. Autrement dit, le commerce n'est pas toujours bénéfique et certaines barrières douanières sont utiles. Il serait donc souhaitable que M.Etwareea et ses confrères en idéologie cessent d'asséner urbi et orbi, sans les nuances qui s'imposent, une vérité qui n'en est pas toujours une.


Peut-être publié dans le Temps ????????????????

10 avril 2011

Commerce et transferts sociaux: qu'est-ce que la richesse?

Il est courant d'entendre dire que seul le travail crée de la richesse, comme l'affirmait d'ailleurs un certain Karl Marx. Pourtant, il paraît difficile de nier le rôle des échanges, ainsi que du commerce, qui n'en est qu'un forme un peu plus compliquée. Après une transaction où je me sépare de que j'ai en trop pour recevoir ce dont je manque, mes conditions de vie matérielles se sont améliorées. Autrement dit, je suis plus riche, car la seule mesure valable de la richesse matérielle est l'utilité qu'ont pour nous les choses auxquelles nous avons accès. A priori, mon partenaire s'est également enrichi, car s'il a accepté l'échange, c'est en principe parce qu'il avait quelque chose à y gagner. Le commerce est donc un travail créateur de richesses comme les autres, qui consiste à rendre possible des échanges entre personnes ne se connaissant pas entre elles. Cela était déjà vrai il y a des milliers d'années, lorsque des outils, des bijoux ou des ressources minérales ont commencé à circuler sur de grandes distances. Cela est encore plus vrai de nos jours, car notre mode de vie moderne serait impossible sans la spécialisation internationale du travail. Il est bien évident que le commerce est souvent inégal, donne lieu à d'innombrables abus et a souvent des effets pervers. Il n'en demeure pas moins qu'il représente une source de richesse.
Imaginons par exemple l'échange suivant:
1. Le pays A fournit des médicaments au pays B qui ne sait pas les produire.
2. Le pays B fournit du pétrole au pays A qui n'en a pas.
Tout économiste vous expliquera qu'en règle générale, le pétrole est plus utile dans le pays B, où on en manque (sinon on en importerait pas), que dans le pays A, qui en a plus que nécessaire (sinon il ne l'exporterait pas). Le pétrole augmente donc de valeur en changeant de pays. Il en va évidemment de même pour les médicaments, car les pays producteurs sont en général capables d'en fabriquer au-delà de leurs besoins. L'échange commercial est donc doublement producteur de richesse. Ce n'est pas un jeu à somme nulle, mais un jeu gagnant-gagnant.
Bien que les économistes soient coutumiers de telles démonstrations, ils oublient en général d'en tirer une conclusion qui devrait pourtant être évidente: si les points 1 et 2 sont vrais, alors le point 1, même pris tout seul, est vrai. Autrement dit, dès que le pays A fournit des médicaments au pays B, il y a création de richesse, que le pays B donne pas du pétrole en échange ou pas.
En fait, le raisonnement peut être étendu à tous les cas où le nouveau propriétaire d'un bien en a un usage plus grand que l'ancien propriétaire. Par exemple, chacun sait qu'au delà d'un certain point, l'argent n'apporte plus aucun bien-être supplémentaire, alors qu'il peut considérablement améliorer la vie des plus pauvres. Un prélèvement fiscal sur les très hauts revenus, servant à financer des mesures profitant au gens les plus démunis, est donc un moyen très simple de créer de la richesse, au même titre que le commerce et exactement pour la même raison.

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