La quasi totalité de la
classe politique s'oppose à l'initiative “Pro service publique”
au motif que les entreprises publiques ne trouveraient pas de
dirigeants compétents d'accord de travailler pour un demi-million
par année. Pourtant, si ces gens détestent leur boulot à ce
point-là, si leur existence est tellement vide qu'un demi-million
annuel ne suffise pas à leur bonheur, on a peine à croire qu'il
puissent être efficaces et il est sans doute mieux qu'ils aillent se
faire surpayer ailleurs.
Le Blog de Christophe Schouwey
Le blog de Christophe Schouwey
Ce blog rassemble pour l'essentiel mes textes parus dans la presse suisse romande, notamment dans l'Impartial/l'Express, Gauchebdo, le Courrier, Domaine public et le Temps.
17 mai 2016
De la difficulté d'être grand patron
26 avril 2014
Le kilowattheure par année au Musée de l'art brut
Les 59 éoliennes prévues dans le
canton de Neuchâtel devraient produire 208 Gigawattheures par année,
autrement dit remplacer 7.25 % (environ un quatorzième) de la
centrale nucléaire de Mühleberg. Mais pouvez-vous expliquer ce
qu'est un Gigawattheure par année ? La plupart des gens en sont
malheureusement incapables, alors qu'il s'agit d'une construction
intellectuelle des plus fascinantes, digne de figurer dans un musée
d'art moderne.
Il faut d'abord savoir distinguer l'énergie de la puissance. Pour donner une définition plus imagée que rigoureuse, l'énergie est une quantité de travail, comme par exemple monter 12 bouteilles de bière au quatrième étage d'un immeuble ou chauffer 1 litre d'eau à 100 degrés. La puissance, c'est l'énergie divisée par le temps. Si vous montez les bouteilles de bière à pied deux fois moins vite que l'ascenseur, vous avez fourni la même quantité d'énergie que lui, mais avec deux fois moins de puissance. Une bouilloire électrique puissante aura besoin de moins de temps pour chauffer de l'eau.
Les physiciens mesurent la puissance avec une unité qu'il ont baptisée le Joule, en l'honneur du physicien et brasseur James Prescott Joule (1818-1889), qui a dû monter (et descendre) beaucoup de bière au cours de sa vie. Une puissance d'un Joule par seconde est appelée un Watt, d'après un autre britannique, James Watt (1736-1819), connu pour ses contributions à la machine à vapeur, qui a permis de transporter la bière plus rapidement. Petite ironie de l'histoire, le Watt est défini en fonction du Joule, bien que Watt ait vécu avant Joule.
Jusqu'ici, tout est simple. Mais figurez-vous que des ingénieurs farfelus ont eu l'idée de prendre une unité d'énergie, de la diviser par une unité de temps, puis de la remultiplier par une autre unité de temps. Vous prenez un joule, vous le divisez par une seconde, vous le multipliez par une heure, vous le remultipliez par mille pour faire bonne mesure, et grâce à tout ce travail vous avez transformé une unité d'énergie en une autre unité d'énergie : un kilowattheure représente 3'600'000 Joules. Attention: un kilowattheure est un « kilowatt pendant une heure » et il serait complètement faux de parler de « kilowatt par heure ».
Quant au fameux kilowattheure par année, le chef d’œuvre artistique, il est défini en utilisant trois unité de temps différente : on prend 1000 joule, on divise par une seconde, on multiplie par une heure, on divise par une année (pauvre Joule!). Le résultat final est une unité de puissance, égale à un watt multiplié par 3600 (nombre de secondes dans une heure), divisé par 31536000 (nombre de secondes dans une année). Le kilowattheure par année, sous ses airs pompeux, est au final une unité plutôt rikiki de 0.11 Watt.
Les 208 gigawattheures par an prévus pour les éoliennes neuchâteloises, soit 208'000'000 kilowattheures, équivalent donc environ à 24 millions de watts, autrement dit une puissance moyenne (calculée sur l'ensemble de l'année) d'environ 135 watts par habitant du canton.
Il faut d'abord savoir distinguer l'énergie de la puissance. Pour donner une définition plus imagée que rigoureuse, l'énergie est une quantité de travail, comme par exemple monter 12 bouteilles de bière au quatrième étage d'un immeuble ou chauffer 1 litre d'eau à 100 degrés. La puissance, c'est l'énergie divisée par le temps. Si vous montez les bouteilles de bière à pied deux fois moins vite que l'ascenseur, vous avez fourni la même quantité d'énergie que lui, mais avec deux fois moins de puissance. Une bouilloire électrique puissante aura besoin de moins de temps pour chauffer de l'eau.
Les physiciens mesurent la puissance avec une unité qu'il ont baptisée le Joule, en l'honneur du physicien et brasseur James Prescott Joule (1818-1889), qui a dû monter (et descendre) beaucoup de bière au cours de sa vie. Une puissance d'un Joule par seconde est appelée un Watt, d'après un autre britannique, James Watt (1736-1819), connu pour ses contributions à la machine à vapeur, qui a permis de transporter la bière plus rapidement. Petite ironie de l'histoire, le Watt est défini en fonction du Joule, bien que Watt ait vécu avant Joule.
Jusqu'ici, tout est simple. Mais figurez-vous que des ingénieurs farfelus ont eu l'idée de prendre une unité d'énergie, de la diviser par une unité de temps, puis de la remultiplier par une autre unité de temps. Vous prenez un joule, vous le divisez par une seconde, vous le multipliez par une heure, vous le remultipliez par mille pour faire bonne mesure, et grâce à tout ce travail vous avez transformé une unité d'énergie en une autre unité d'énergie : un kilowattheure représente 3'600'000 Joules. Attention: un kilowattheure est un « kilowatt pendant une heure » et il serait complètement faux de parler de « kilowatt par heure ».
Quant au fameux kilowattheure par année, le chef d’œuvre artistique, il est défini en utilisant trois unité de temps différente : on prend 1000 joule, on divise par une seconde, on multiplie par une heure, on divise par une année (pauvre Joule!). Le résultat final est une unité de puissance, égale à un watt multiplié par 3600 (nombre de secondes dans une heure), divisé par 31536000 (nombre de secondes dans une année). Le kilowattheure par année, sous ses airs pompeux, est au final une unité plutôt rikiki de 0.11 Watt.
Les 208 gigawattheures par an prévus pour les éoliennes neuchâteloises, soit 208'000'000 kilowattheures, équivalent donc environ à 24 millions de watts, autrement dit une puissance moyenne (calculée sur l'ensemble de l'année) d'environ 135 watts par habitant du canton.
27 janvier 2014
L'économie réelle esclave de l'argent.
Le système financier est un nuage qui
plane au dessus de l'économie. En permanence, de l'argent s'évapore
vers le nuage sous forme de cet impôt discret qu'on appelle le
rendement. En retour, les investissements pleuvent. Lorsque les
pluies sont inférieures à l'évaporation, autrement dit lorsque les
investisseurs, pris dans leur ensemble, déversent dans l'économie
une quantité d'argent plus faible que celle qu'ils reçoivent, on
appelle cela la crise. L'argent manque et le chômage monte. Les
temps de non-crise sont ceux où la pluie des investissements est
plus importante en volume que l'évaporation des remboursements et
des paiements d'intérêts.
Bien entendu, les investisseurs
n'acceptent de verser plus qu'il ne reçoivent que dans l'espoir de
gains futurs. En échange de l'argent avancé, ils obtiennent des
créances ou des titres de propriétés sur de nouvelles usines, de
nouveaux entrepôts, de nouveaux logements, de nouveaux aéroports,
de nouveaux brevets, etc.
Ces nouveaux titres de propriété
détenus par les investisseurs correspondent évidemment à de
nouvelles obligations financières pour l'économie réelle. Cette
spirale sans fin peut être illustrée par l'exemple fictif
ci-dessous :
Année
|
PIB
|
Nouveaux investissements (chaque année 10,5%PIB) |
Revenus des investissements (chaque année 10%PIB) |
1 |
100 |
21 |
20 |
2 |
110 |
23 |
22 |
3 |
120 |
25 |
24 |
Dans une telle situation, l'économie
réelle est contente parce que chaque année, elle reçoit plus
qu'elle ne paie. Extraordinairement, les investisseurs sont aussi
contents, parce que chaque année ils encaissent une somme supérieure
à celle qu'ils ont investie l'année précédente. Etrange tour de
passe-passe temporel, où tout le monde gagne grâce à la
croissance.
Une telle harmonie n'est plus possible
si le PIB reste constant, en supposant toujours que le revenu des
investissements reste stable à 10 % du PIB (produit intérieur
brut).
Année
|
PIB
|
Nouveaux Investissements |
Revenus investissements (10%PIB) |
1 |
100 |
21 |
20 |
2 |
100 |
??? |
20 |
L'expérience de pensée des tableaux ci-dessus, bien que très simpliste, suffit à démontrer qu'une économie ne peut pas fonctionner sans croissance du PIB, dès lors qu'elle fonctionne sur le principe selon lequel l'argent rapporte de l'argent. Cela fait un peu penser à ce qu'en Amérique latine on appelait le péonage : un système d'endettement perpétuel dans lequel les paysans héritaient des dettes de leurs parents et n'avaient pas le droit de quitter leur maître avant de les avoir remboursés. Obligée qu'elle est de satisfaire les investisseurs, l'économie réelle est enchaînée à la nécessité de croître ou mourir.
Il est bien connu que la croissance du PIB est composé d'activités productrices de vraies richesses (santé, éducation, etc.) et d'activités inutiles voire nuisibles (armes, tabac, etc.). Mais toutes ces activités sont liées étroitement entre elles dans un système foncièrement instable obligé d'avancer pour ne pas tomber, au point qu'il est très compliqué de freiner un secteur sans que les autres ne suivent au même rythme. Tant que l'organisation de l'économie reposera sur l'idée que l'argent doit rapporter de l'argent, il sera donc extrêmement difficile de mettre en place une politique économique reposant sur des critères humains et écologiques plutôt que sur des critères de rendement financier.
25 juin 2013
Quand les économistes enfoncent une porte ouverte à contresens.
« Pour créer des emplois, il
faut de la croissance ». Par la force de l'habitude, on finit
par considérer comme vérité d'évidence cette phrase dont la
plupart des économistes se gargarisent quotidiennement. On la
répète dans les salons pour montrer qu'on est à la page. Il est
d'ailleurs probable que les statistiques en démontrent, dans la
plupart des cas, l'exactitude : lorsqu'il y a croissance
économique, il y a en principe moins de chômage.
Lorsqu'on observe que deux phénomènes
sont liés, il convient de se demander lequel est la cause de
l'autre. Par exemple, on peut démontrer statistiquement que
lorsqu'il fait chaud il y a du soleil, mais personne ne pense que le
soleil est la conséquence du chaud. De même, il paraît logique de
considérer que le travail sert à produire des richesses, plutôt
que l'inverse. Il paraît peu sensé de dire « la chute de
l'arbre a causé son abattage par le bûcheron ». Rares sont
les ouvriers qui vous diront : « j'ai décidé de gagner plus
d'argent pour pouvoir travailler plus ».
Pourquoi donc tant d'économistes
inversent-ils cette logique évidente ? Pourquoi ne disent-ils
presque jamais, tout bêtement, que « pour créer de la
croissance, il faut des emplois » ? Pourquoi enfoncent-ils
la porte ouverte à contresens ? On aurait tort de simplement
rigoler de ce raisonnement tête-en-bas et de cette attitude si répandue consistant à être obscur pour faire
croire qu'on est intelligent, car en l'occurrence nous avons affaire
à un véritable programme politique. Rappelons que lorsqu'on calcule
la croissance, la fabrication d'armes vaut plus que la paix dans le
monde, les ventes de médicaments valent plus que la santé et tout
travail, aussi absurde et pénible qu'il soit, vaut plus que le temps
libre. En affirmant qu'il faut de la croissance pour créer des
emplois et en sous-entendant, évidemment, qu'il faut des emplois
pour vivre, on diffuse l'idée selon laquelle toute activité
marchande, aussi inutile ou nuisible qu'elle soit, est indispensable
à la prospérité générale.
En revanche, lorsqu'on raisonne dans le
sens normal, en considérant tout bêtement que le travail sert à
produire des biens et des services, on peut non seulement faire la
critique des activités inutiles, mais on arrive assez naturellement
à l'idée qu'à partir d'un certain niveau de richesse, et à
condition que la celle-ci soit bien distribuée, il devient de moins en moins nécessaire que l'ensemble de la population exerce
une activité rémunérée.
publié dans Jet d'Encre
publié dans Jet d'Encre
13 juin 2013
Quatrième pouvoir: si on essayait la démocratie?
La notion de « liberté de la presse » a quelque chose d’utopique.
A la différence du citoyen bénévole, exprimant son opinion au
bistrot ou sur Internet, le journaliste professionnel, par
définition, est payé par quelqu’un. Il doit forcément répondre aux
attentes de la main qui le nourrit. Il existe de par le monde trois
types d’acteurs finançant la presse : l’État, les annonceurs
publicitaires et les lecteurs.
Les démocrates soucieux de séparation des pouvoirs ne peuvent que souhaiter unanimement que le contrôle de la presse soit du ressort des lecteurs. En ce sens, le succès du journal français en ligne Mediapart, financé essentiellement par ses abonnés, est tout à fait encourageant.
Malheureusement, ce modèle risque de mener à une société à deux vitesses, où la partie la moins riche et la moins éduquée de la population se contente d’une presse « gratuite » financée par les annonceurs publicitaires, pendant que seule une élite a accès à l’information de qualité.
On connaît le mythe biblique de la multiplication des pains, avec ces paniers où les gens pouvaient se resservir indéfiniment, sans que jamais ils ne soient vides. L’information possède la même caractéristique miraculeuse : vous pouvez lire tout ce que vous voulez sans en priver qui que ce soit.
Chacun est révolté à la vue de ces images de la crise des années 1930 où l’on détruisait de la nourriture, pour en faire remonter le prix, quand nombreux étaient ceux qui ne mangeaient pas à leur faim. On oublie pourtant de s’indigner quand l’accès à l’information est limité, quand on empêche les êtres humains de nourrir leur intelligence dans les paniers inépuisables qui contiennent le pain du savoir. J’ai rencontré une neurologue roumaine qui peinait à s’informer des développements de sa branche, parce que son hôpital n’avait pas les moyens de s’abonner aux revues scientifiques de pointe. Combien de spécialistes des pays pauvres sont-ils ainsi entravés ? Combien de décès en sont-ils la conséquence ?
L’accès des votants à des informations politiques de qualité n’est-il pas aussi, pour une démocratie, une question de vie ou de mort ? Mais comment trouver moyen de concilier les deux exigences contradictoires que sont le contrôle par les lecteurs et la gratuité d’accès ? Autrement dit, comment faire pour verser de l’argent public aux journaux tout en laissant le contrôle aux citoyens ? Voilà la question fondamentale que les journalistes devraient se poser.
On pourrait par exemple imaginer que chaque citoyen reçoive chaque année un « chèque-média » qu’il pourrait reverser aux organes de presse de son choix. Ce système, qui serait une économie de marché à égalité de pouvoir d’achat, autrement dit une démocratie, ne garantirait pas forcément une presse de qualité, car il serait à la merci des mauvais choix des citoyens. Chacun le sait, la démocratie est le pire des systèmes. Mais c’est aussi le moins mauvais…
Les démocrates soucieux de séparation des pouvoirs ne peuvent que souhaiter unanimement que le contrôle de la presse soit du ressort des lecteurs. En ce sens, le succès du journal français en ligne Mediapart, financé essentiellement par ses abonnés, est tout à fait encourageant.
Malheureusement, ce modèle risque de mener à une société à deux vitesses, où la partie la moins riche et la moins éduquée de la population se contente d’une presse « gratuite » financée par les annonceurs publicitaires, pendant que seule une élite a accès à l’information de qualité.
On connaît le mythe biblique de la multiplication des pains, avec ces paniers où les gens pouvaient se resservir indéfiniment, sans que jamais ils ne soient vides. L’information possède la même caractéristique miraculeuse : vous pouvez lire tout ce que vous voulez sans en priver qui que ce soit.
Chacun est révolté à la vue de ces images de la crise des années 1930 où l’on détruisait de la nourriture, pour en faire remonter le prix, quand nombreux étaient ceux qui ne mangeaient pas à leur faim. On oublie pourtant de s’indigner quand l’accès à l’information est limité, quand on empêche les êtres humains de nourrir leur intelligence dans les paniers inépuisables qui contiennent le pain du savoir. J’ai rencontré une neurologue roumaine qui peinait à s’informer des développements de sa branche, parce que son hôpital n’avait pas les moyens de s’abonner aux revues scientifiques de pointe. Combien de spécialistes des pays pauvres sont-ils ainsi entravés ? Combien de décès en sont-ils la conséquence ?
L’accès des votants à des informations politiques de qualité n’est-il pas aussi, pour une démocratie, une question de vie ou de mort ? Mais comment trouver moyen de concilier les deux exigences contradictoires que sont le contrôle par les lecteurs et la gratuité d’accès ? Autrement dit, comment faire pour verser de l’argent public aux journaux tout en laissant le contrôle aux citoyens ? Voilà la question fondamentale que les journalistes devraient se poser.
On pourrait par exemple imaginer que chaque citoyen reçoive chaque année un « chèque-média » qu’il pourrait reverser aux organes de presse de son choix. Ce système, qui serait une économie de marché à égalité de pouvoir d’achat, autrement dit une démocratie, ne garantirait pas forcément une presse de qualité, car il serait à la merci des mauvais choix des citoyens. Chacun le sait, la démocratie est le pire des systèmes. Mais c’est aussi le moins mauvais…
FAUTE DE LOGIQUE
Il existe une loi économique peu connue, mais
pourtant évidente, qu'on pourrait appeler "loi de la conservation de
l'argent". En effet, dans n'importe quelle transaction marchande, la
quantité d'argent qui entre dans la poche du vendeur est strictement
égale à ce qui sort de la poche de l'acheteur. Seules les banques, ainsi
que les faux monnayeurs, peuvent fabriquer l'argent que les simples
citoyens doivent se contenter de faire circuler, ne pouvant gagner que
ce qui est dépensé par d'autres. C'est donc à tort que certaines
personnes un peu snobs, plutôt que d'utiliser l'expression simple et
correcte "gagner de l'argent",
préfèrent dire "faire de l'argent", (probablement par imitation de
l'anglais
"make money"). Il s'agit-là d'une faute de logique que les professeurs
de français devraient souligner trois fois en rouge. Il en va de même du
titre de l'article de l'Express et l'Impar du 8 juin: "En Suisse, la
publicité génère 5,7 milliards de francs par an". Cette somme colossale,
d'un ordre de grandeur comparable au budget de l'armée, n'est bien
entendu ni "générée" ni "créée", mais sort tout simplement de la poche
des consommateurs. A chaque fois que ceux-ci payent les intérêts d'un
petit crédit, achètent des cigarettes, de l'alcool, une voiture, un
gadget électronique ou à peu près n'importe quoi d'autre, une partie du prix d'achat sert à financer la pub,
qui, au total, finit par nous coûter vraiment très cher.
Fichés et saignés pour 30 centimes !
Vous est-il déjà arrivé de vous
tromper de billet dans les transports publics ? Certainement
oui, à moins que vous ne les preniez jamais. Entre autres pièges,
citons la documentation de TransN (Transports publics neuchâtelois),
qui précise que le « court parcours » à 1.90 est
valable pour 30 minutes, indépendamment du nombre d'arrêts, sur
« les réseaux urbains respectifs des villes de La
Chaux-de-Fonds et du Locle ». Seul le mot « respectif »
indique que pour un trajet d'une ville à l'autre, le billet est à
2.20. Cette petite inattention à 30 centimes suffit à faire de vous
un « semi-fraudeur » et vous donnera droit à un fichage
en règle dans les dossiers de TransN, ainsi qu'à une amende de 75
francs,
soit 250 fois le montant de votre étourderie. Si, indigné par ce
multiplicateur astronomique, vous refusez de vous en acquitter
immédiatement, l'amende passera alors à 140
francs après une dizaine de jours, soit 467 fois le montant de votre
« semi-fraude », comme cela est arrivé récemment à une dame de 78 ans.
Le but de TransN est-il de servir la population
ou de la dégoûter des transports publics?
15 mai 2013
Eloge des éditos de M.Willemin
Dans un éditorial récent, Nicolas Willemin
se désolait à juste titre du bas niveau des débats lors de la campagne
électorale. En lisant l'Impartial et l'Express, on trouve quelques
motifs de lui donner raison. En mars, nous étions gratifié de deux longs
articles sur le prix du repas de la St-Valentin au Locle, affaire
fondamentale qui menaçait de déstabiliser les autorités locales, de
discréditer le POP et de faire perdre à la gauche sa majorité au Grand
Conseil. En date du deux mai, juste entre les deux tours, on apprend que
Thierry Grosjean a été amendé pour étourderie, n'ayant pas su acheter
le bon billet de train. Il n'a du coup plus la moindre chance d'être
élu. Voilà le triste point final de sa courte carrière politique!
Dans un autre éditorial, Nicolas Willemin s'inquiétait de la trop grande place prise dans notre société par l'obsession de la compétition et de la performance, à tel point que même les sportifs amateurs en arrivent à se doper. Une fois de plus, la lecture de nos quotidiens régionaux lui donne raison, le cahier sportif étant tellement épais qu'on transpire rien qu'en tournant les pages. J'ai donc bon espoir que si M.Willemin devient un jour rédacteur en chef de l'Impartial et l'Express, il en améliorera considérablement la qualité. Comment? Il l'est déjà? Zut alors, je n'ai rien dit...
Dans un autre éditorial, Nicolas Willemin s'inquiétait de la trop grande place prise dans notre société par l'obsession de la compétition et de la performance, à tel point que même les sportifs amateurs en arrivent à se doper. Une fois de plus, la lecture de nos quotidiens régionaux lui donne raison, le cahier sportif étant tellement épais qu'on transpire rien qu'en tournant les pages. J'ai donc bon espoir que si M.Willemin devient un jour rédacteur en chef de l'Impartial et l'Express, il en améliorera considérablement la qualité. Comment? Il l'est déjà? Zut alors, je n'ai rien dit...
06 janvier 2013
L'allocation universelle contre Pénélope
L'allocation universelle, cette charmante
utopie visant à libérer l'être humain de l'obligation de
travailler, suppose une redistribution des revenus à large échelle
qui n'a aucune chance d'être acceptée par le peuple. Mais imaginons
un instant que les tranquilles Suisses soient un jour pris d'audace
et acceptent un tel principe. Après tout, des projets jugés
autrefois utopiques, comme les congés payés ou
l'assurance-vieillesse, ont fini par devenir des institutions
centrales de notre société.
Un petit écueil « inattendu » surgirait peut-être: il se pourrait que ces mêmes Suisses ne
veuillent plus travailler. Si le chômage n'était plus synonyme de
honte, exclusion et pauvreté, qui voudrait encore des emplois les
plus ennuyeux, dangereux, malsains et usants ? Le problème du
chômage serait donc remplacé par son inverse. Nous serions
angoissés par chaque création d'emploi : « Mauvaise
nouvelle, nous diraient les journalistes, cette année le travail a
augmenté de 2 % ».
Notre société ne sait pas vraiment si elle considère le
travail comme un bien ou un mal. D'un côté, le travail est le sens
même de l'existence. Un être humain vaut par ce qu'il fait et celui
qui ne produit rien passe à côté de sa vie. Si le travail
n'existait pas, il faudrait l'inventer pour que nous ne sombrions pas
dans la dépression et l'alcoolisme. Il vaut mieux accomplir une
tâche complètement inutile que de « rien foutre ». Le
travail est également le symbole même de l'appartenance à la
collectivité : ne pas participer à l'effort commun, c'est être
mauvais citoyen.
D'un autre côté, le travail est
tellement désagréable qu'on doit payer les gens pour qu'ils le
fassent. Même ceux qui affirment qu'il est indispensable de
travailler pour ne pas s'ennuyer savent tout à fait comment
s'occuper lorsqu'ils arrivent à l'âge de la retraite. Être
favorable à l'allocation universelle revient à affirmer que le travail contraint par des nécessités économiques est un mal
pour l'être humain, qu'il faut limiter au maximum, parce qu'il y a mieux à faire que perdre sa vie
à la gagner.
Dans un telle perspective, les
priorités économiques seraient totalement inversées. Il faudrait
cesser de craindre que les ouvriers soient remplacés par des
machines, mais au contraire accueillir une telle évolution comme une
bénédiction. Les publicités inciteraient les gens à réfléchir
avant d'acheter, à porter des vêtements de seconde main, à boire
de l'eau du robinet, à se déplacer à pied ou à vélo. Les
appareils électroniques devraient être garantis pour au moins dix
ans. La paperasse inutile serait enfin bannie.
Notre système économique actuel
s'inspire de Pénélope, cette femme de la mythologie grecque qui
détruisait la nuit ce qu'elle avait fabriqué le jour. Si
l'allocation universelle était un jour adoptée, nous serions peut-être obligés de mettre en place
une économie efficace au vrai sens du terme où le moyen – le
travail – serait au service de la fin – l'être humain.
17 novembre 2012
Joschka Fischer et la planète Mars.
Dans
une interview parue dans le Temps du 15 novembre, l'ancien ministre
allemand Joschka Fischer appelle la France et les pays du sud de
l'Europe à imiter le modèle allemand dont il fut autrefois un des
instigateurs : produire plus et consommer moins.
Cette politique de la fourmi est d'une certaine manière un succès
et a permis à l'Allemagne de conquérir de nombreux marchés. Mais
un pays qui exporte plus qu'il n'importe a pour contrepartie
nécessaire, c'est de la mathématique élémentaire, d'autres pays
qui importent plus qu'il n'exportent et finiront tôt ou tard par ne
plus pouvoir payer. La politique hyper-compétitive de l'Allemagne
est donc une des principales causes des actuels problèmes de
l'Europe du Sud. Joschka Fischer devrait comprendre qu'il est
impossible que tous les pays du monde deviennent des exportateurs
nets, sauf à trouver de nouveaux marchés sur la planète Mars. La
solution consiste donc à faire l'exact contraire de ce qu'il
préconise : mieux distribuer le pouvoir d'achat afin que le
monde puisse, tout simplement, consommer ce qu'il est capable de
produire. L'austérité n'aurait de sens que si elle ne portait que
sur les activités les plus polluantes. Mais la décroissance non
ciblée vers laquelle nous semblons aller – moins d'éducation,
moins de services médicaux, moins d'infrastructures, moins de
nouvelles énergies – n'est qu'une autodestruction pure et simple.
01 octobre 2012
Et si on revotait ?
Il est fréquent en Suisse que des projets refusés une première fois par le peuple soient finalement acceptés sous une forme légèrement modifiée. Ceux qui ont voté « non » par révolte contre l'actuel gouvernement cantonal auront l'occasion en avril prochain de faire tomber les têtes qui leur déplaisent. Peut-être le nouveau Conseil d'Etat aura-t-il la crédibilité nécessaire pour faire passer un Transrun bis, en faisant moins de gaffes et en prenant en compte les craintes des opposants, par exemple en proposant un financement sur 50 ans plutôt que 25 ou en introduisant dans l'article constitutionnel des garanties pour les régions qui craignent d'être délaissées. Il conviendrait que les partisans du projet se mobilisent, par voie de pétition ou d'initiative, pour demander un nouveau vote. Cela donnerait à nos élus la justification dont ils rêvent pour pouvoir donner une deuxième chance au Transrun devant le peuple. Personnellement, aux prochaines élections, je ne donnerai ma voix qu'à des candidats s'engageant à faire voter un Transrun bis. Croire que nous ne revoterons jamais, c'est penser que le peuple est imbécile, car il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.
01 septembre 2012
L'impôt sur la valeur locative est-il vraiment injuste?
Mme A, propriétaire à 100% de son
logement, gagne 3000 francs, sans loyer à payer. Sa collègue Mme B
paie CHF 1000.- de loyer, pour un logement identique à celui de Mme
A, mais gagne 4000 francs car elle fait des heures sup'. Mme A et Mme
B ont donc exactement le même niveau de vie. Elles paient le même
impôt, car l'Etat considère correctement que Mme A jouit d'un
revenu en nature de CHF.- 1000.-, un revenu de pierre bien solide,
qui n'a rien de “fictif”. Mme A pourrait d'ailleurs le
transformer en revenu monétaire à tout instant, simplement en
prenant un locataire.
Il est ahurissant que la majorité de
la classe politique, y compris des socialistes égarés, puisse
considérer que Mme A, la propriétaire, soit victime d'une
injustice. Si quelqu'un mérite une baisse d'impôts, c'est plutôt
Mme B, la locataire, qui doit travailler plus que Mme A pour le même niveau de vie.
Certes, Mme A a dû travailler pour
acheter son logement. Il n'en demeure pas moins qu'elle bénéficie
d'un supplément de revenu, car elle jouit de son logement sans que sa valeur ne diminue. Elle gagne donc de l'argent grâce
à sa fortune, au même titre que si elle l'avait investi en bourse.
Il est juste que ce supplément soit imposé.
Les notions de mérite et
d'enrichissement par le travail sont centrales dans notre société.
Pourtant, la majorité semble estimer que l'argent gagné avec de
l'argent doit être moins imposé que l'argent gagné en travaillant.
C'est à se demander si les historiens du futur y comprendront
quelque chose.
Deux trajets pour le prix d'un
Toutes les dépenses sont désagréables,
mais certaines sont parfois incontournables. Ainsi, il est idiot de
repousser une visite chez le dentiste pour faire des économies. De
même, dans notre pays où on se déplace de plus en plus, il faut
investir dans les transports publics. Même les automobilistes les
plus accros, incapables de marcher cinq minutes (pour de bonnes ou de
mauvaises raisons), ont tout intérêt à ce qu'on transfère une
partie du trafic vers le rail. La Vue-des-Alpes est déjà saturée.
En 2022, date prévue pour la mise en service, le Transrun sera
devenu urgent pour accueillir au moins une partie des automobilistes
en trop. On devra aussi augmenter les cadences sur les autres lignes.
Or, le Transrun, qui entrera à Neuchâtel par le côté est,
laissera de la place à l'ouest, dans le fameux goulet de Vauseyon,
pour d'avantage de trains en direction de Fleurier ou Lausanne.
De sympathiques amateurs proposent des
alternatives au Transrun. Ils ne rendent pas compte que les CFF ne
creusent pas des tunnels au hasard, mais en fonction de l'ensemble du
réseau suisse, en établissant les horaires des années à l'avance
pour 75 000 trains par jour.
En réduisant de moitié la distance
entre Neuch et la Tchaux, on usera deux fois moins les locomotives et
les wagons et on payera deux fois moins longtemps le personnel. On
pourra donc faire deux trajets pour le prix d'un, même si on ne sait
pas encore si l'argent ainsi économisé sera utilisé pour faire
baisser le prix du billet, pour financer les lignes de bus pour les villages ou simplement pour
améliorer le budget de l'Etat et compenser une partie des frais de
percement du tunnel.
28 juin 2012
Commerçants, laissez-nous vivre !
Il y a quelques années, plusieurs
milliers de citoyens signèrent une pétition demandant que la Place
du Marché de La Chaux-de-Fonds devienne une zone piétonne. Certains
petits commerçants des alentours se mobilisèrent pour torpiller
cette idée. Résultat, la place n'est libérée que pour des
événement temporaires. Voilà maintenant, nous apprend l'Impartial
du 21 juin, qu'« il n'est plus question, dans la configuration
actuelle, de boucler la place pendant un mois ». Ainsi, il n'y
aura un écran géant que pour les trois derniers matches de l'Euro.
Pourtant, Mesdames et Messieurs les commerçants, vous osez encore protester contre ce compromis du compromis. Plutôt que d'empêcher la ville de vivre, pourquoi ne profitez-vous pas des manifestations qui ont lieu sur la place pour lancer des offres promotionnelles et gagner de nouveaux clients ? La situation de vos établissements vous prédispose à attirer les gens qui aiment parcourir la ville à pied. Les zones piétonnes qui existent dans toutes les villes de Suisse, sauf la nôtre, profitent à de nombreux petits commerces. Si vous souhaitez vous concentrer sur la clientèle motorisée, peut-être devriez-vous songer à vous délocaliser à proximité d'une autoroute.
P-S.: m'étant rendu compte que la deuxième partie du texte était un peu trop virulente, je l'ai réécrite. Voici donc, ci-dessous, la version que j'aurais souhaité publier. Toutefois, à la suite d'une erreur, l'Impartial a malgré tout fait paraître la première version ci-dessus. Bien que je regrette un peu cette erreur, le texte publié m'a tout de même valu un certain nombre de félicitation. Pourtant, ces mêmes commerçants protestent encore contre ce compromis du compromis. Je ne doute pas que quelques-uns perdent de l'argent parce que leurs clients ne peuvent plus se garer. Mais ces sommes sont certainement dépensées dans d'autres boutiques ailleurs en ville. A moins qu'on leur donne un statut de fonctionnaires, les commerçants dépendront toujours des circonstances extérieures. Les chanceux y gagnent. Les malchanceux, malheureusement, y perdent. Cela ne leur donne pas pour autant le droit d'imposer leur loi et d'empêcher la ville de vivre.
Pourtant, Mesdames et Messieurs les commerçants, vous osez encore protester contre ce compromis du compromis. Plutôt que d'empêcher la ville de vivre, pourquoi ne profitez-vous pas des manifestations qui ont lieu sur la place pour lancer des offres promotionnelles et gagner de nouveaux clients ? La situation de vos établissements vous prédispose à attirer les gens qui aiment parcourir la ville à pied. Les zones piétonnes qui existent dans toutes les villes de Suisse, sauf la nôtre, profitent à de nombreux petits commerces. Si vous souhaitez vous concentrer sur la clientèle motorisée, peut-être devriez-vous songer à vous délocaliser à proximité d'une autoroute.
P-S.: m'étant rendu compte que la deuxième partie du texte était un peu trop virulente, je l'ai réécrite. Voici donc, ci-dessous, la version que j'aurais souhaité publier. Toutefois, à la suite d'une erreur, l'Impartial a malgré tout fait paraître la première version ci-dessus. Bien que je regrette un peu cette erreur, le texte publié m'a tout de même valu un certain nombre de félicitation. Pourtant, ces mêmes commerçants protestent encore contre ce compromis du compromis. Je ne doute pas que quelques-uns perdent de l'argent parce que leurs clients ne peuvent plus se garer. Mais ces sommes sont certainement dépensées dans d'autres boutiques ailleurs en ville. A moins qu'on leur donne un statut de fonctionnaires, les commerçants dépendront toujours des circonstances extérieures. Les chanceux y gagnent. Les malchanceux, malheureusement, y perdent. Cela ne leur donne pas pour autant le droit d'imposer leur loi et d'empêcher la ville de vivre.
14 juin 2012
Imagination, fontaines et sacs à dos.
Mystères des modes. Il y a des choses que tout le monde fait et
d'autres que personne ne fait, sans qu'il soit possible d'expliquer
pourquoi. Mauvais élèves, nous passons nos vies à copier les voisins
plutôt qu'à penser par nous-mêmes. Par exemple, il est totalement
inexplicable que les Suisses ne songent presque jamais à emmener un
sac à dos au supermarché, alors qu'ils savent tous qu'il est bien
moins fatiguant de marcher une dizaine de minutes avec quelques kilos
sur le dos qu'avec une anse qui scie les doigts. Ce poids qui vous
tire le bras fera basculer vos choix vers la voiture pour des trajets
où cela ne serait pas nécessaire, au détriment de votre santé et de
l'environnement.
Le Parlement fédéral envisage d'interdire les sacs en plastique. Voilà
une bonne idée qui sera d'autant mieux acceptée par la population si
on lui donne une alternative en faisant une campagne pour promouvoir
l'usage du sac à dos pour les achats. Aussi incroyable que cela puisse
paraître, nous sommes visiblement trop moutonniers pour penser tout
seuls à des choses toutes simples.
Il y a quelques années, Jacques Neirynck avait proposé au Parlement,
en vain, qu'on interdise les bouteilles en plastique. Là encore, la
lutte contre les emballages inutiles ne peut être menée à bien que par
une promotion active des alternatives, en l'occurrence l'eau du
robinet et les fontaines publiques, souvent en nombre insuffisant. Il
est tout à fait lamentable que dans bien des gares il soit impossible,
ailleurs qu'aux toilettes, de boire quelques gorgées d'eau avant de
prendre le train.
d'autres que personne ne fait, sans qu'il soit possible d'expliquer
pourquoi. Mauvais élèves, nous passons nos vies à copier les voisins
plutôt qu'à penser par nous-mêmes. Par exemple, il est totalement
inexplicable que les Suisses ne songent presque jamais à emmener un
sac à dos au supermarché, alors qu'ils savent tous qu'il est bien
moins fatiguant de marcher une dizaine de minutes avec quelques kilos
sur le dos qu'avec une anse qui scie les doigts. Ce poids qui vous
tire le bras fera basculer vos choix vers la voiture pour des trajets
où cela ne serait pas nécessaire, au détriment de votre santé et de
l'environnement.
Le Parlement fédéral envisage d'interdire les sacs en plastique. Voilà
une bonne idée qui sera d'autant mieux acceptée par la population si
on lui donne une alternative en faisant une campagne pour promouvoir
l'usage du sac à dos pour les achats. Aussi incroyable que cela puisse
paraître, nous sommes visiblement trop moutonniers pour penser tout
seuls à des choses toutes simples.
Il y a quelques années, Jacques Neirynck avait proposé au Parlement,
en vain, qu'on interdise les bouteilles en plastique. Là encore, la
lutte contre les emballages inutiles ne peut être menée à bien que par
une promotion active des alternatives, en l'occurrence l'eau du
robinet et les fontaines publiques, souvent en nombre insuffisant. Il
est tout à fait lamentable que dans bien des gares il soit impossible,
ailleurs qu'aux toilettes, de boire quelques gorgées d'eau avant de
prendre le train.
13 mai 2012
Plus on gagne, moins on paie!
Il y a des notions peu connues que tout le monde devrait connaître. Ainsi, il est regrettable que la différence entre le taux d'imposition moyen et le taux marginal ne soit pas enseigné dans les écoles, où les mathématiques sont souvent trop éloignées des réalités concrètes. Prenons l'exemple d'une personne domiciliée à La Chaux-de-Fonds dont le revenu imposable est de 40 000 francs. Elle devra payer un impôt, commune et canton compris, de 16% ; c'est le taux moyen. Si son revenu augmente, chaque franc supplémentaire sera imposé à 28% ; c'est le
taux marginal. Ce que le contribuable doit payer au total représente donc un pourcentage moindre que ce qu'il doit payer sur la partie supérieure de son revenu. Celui-ci est découpé en tranches qui sont chacune imposées à un taux différent : 0% pour les 5000 premiers francs, 4% pour les 5000 francs suivants, etc. Ce taux augmente sans cesse jusqu'à atteindre 36% pour la partie du revenu située entre 150 000 et 180 000 francs, puis - surprise!- redescend à 29% à partir de 180 000 francs. Les augmentations de salaires sont donc moins imposées pour les très très gros revenus que pour les très gros revenus. On peut se demander si la majorité des habitants du canton pense vraiment qu'il s'agit d'un bon système, pour autant qu'on veuille bien le lui expliquer. Il est regrettable que la commission de fiscalité, dans son rapport du 23 mai, se contente de proposer de baisser légèrement ces taux (34% entre 155 000 et 195 000 francs et 28,23% à partir de 195 000 francs). Une remise en question plus approfondie aurait été souhaitable.
N.B. : Pour les habitants d'autres communes, les chiffres peuvent être différents de ceux de la Chaux-de-Fonds, mais le raisonnement sera exactement le même. A tout cela s'ajoute bien sûr l'impôt fédéral direct. Là, il faut être vraiment richissime pour voir le taux marginal baisser. Pour les célibataires, 13,5% entre CHF 134 000.- et CHF 755 000.-, puis 11,5% à partir de CHF 755 000.-; pour les couples mariés, 13,2% entre CHF 145 000.- et 895 000.-, puis 11.5%.
taux marginal. Ce que le contribuable doit payer au total représente donc un pourcentage moindre que ce qu'il doit payer sur la partie supérieure de son revenu. Celui-ci est découpé en tranches qui sont chacune imposées à un taux différent : 0% pour les 5000 premiers francs, 4% pour les 5000 francs suivants, etc. Ce taux augmente sans cesse jusqu'à atteindre 36% pour la partie du revenu située entre 150 000 et 180 000 francs, puis - surprise!- redescend à 29% à partir de 180 000 francs. Les augmentations de salaires sont donc moins imposées pour les très très gros revenus que pour les très gros revenus. On peut se demander si la majorité des habitants du canton pense vraiment qu'il s'agit d'un bon système, pour autant qu'on veuille bien le lui expliquer. Il est regrettable que la commission de fiscalité, dans son rapport du 23 mai, se contente de proposer de baisser légèrement ces taux (34% entre 155 000 et 195 000 francs et 28,23% à partir de 195 000 francs). Une remise en question plus approfondie aurait été souhaitable.
N.B. : Pour les habitants d'autres communes, les chiffres peuvent être différents de ceux de la Chaux-de-Fonds, mais le raisonnement sera exactement le même. A tout cela s'ajoute bien sûr l'impôt fédéral direct. Là, il faut être vraiment richissime pour voir le taux marginal baisser. Pour les célibataires, 13,5% entre CHF 134 000.- et CHF 755 000.-, puis 11,5% à partir de CHF 755 000.-; pour les couples mariés, 13,2% entre CHF 145 000.- et 895 000.-, puis 11.5%.
07 mai 2012
Une idée trop audacieuse
« Qui ose critiquer la pensée
dominante ? » Tel est le titre d'un article d'Andreas
Höffert (le Temps, 7.5.12), qui se lamente à juste titre du manque
d'idées des économistes « orthodoxes », qui n'ont rien
à proposer pour sortir de la crise. Aveu magnifique de la part d'un
économiste en chef de l'UBS ! A première vue, il est vrai, la
crise est mystérieuse. Pourquoi l'économie ne fonctionne-t-elle
plus alors qu'il n'y a eu ni tsunami, ni guerre, ni épidémie ?
En fait, il s'agit d'un simple problème de lubrification. Les
échanges sont bloqués parce l'argent, qui est à l'économie ce que
l'huile est à un moteur, ne circule plus suffisamment. De nos jours,
dans une grande partie du monde, ceux qui contrôlent la richesse
font la grève de l'investissement : le peuple des moutons, trop
tondu, n'a plus assez de laine et n'est plus un placement rentable.
Sans investissements, l'économie ne peut pas redémarrer. Si
l'économie ne redémarre pas, les investissements continueront à ne
pas être rentables. Voilà un cercle vicieux dont nous ne sommes pas
près de sortir. Comment les Etats pourraient-ils à la fois se
désendetter et investir, sans chercher le profit, l'argent que la
finance ne veut plus investir ? Comment donner à la population
le pouvoir d'achat qui permettrait de relancer l'économie ?
Cela semble impossible, à moins de mieux redistribuer les richesses.
Mais il s'agit visiblement d'une idée bien trop audacieuse pour
M.Höffert et les économistes orthodoxes.
23 avril 2012
Tous contre la bureaucratie
Le PLR vient de déposer une initiative dont le texte exige des lois compréhensibles et simples, appliquées de façon efficace par les administration et les tribunaux. Le rêve. L'initiative anti-bureaucratique mérite une majorité soviétique. Espérons que la gauche avancera ses propres idées pour la mettre en oeuvre. Plutôt qu'un taux de TVA unique tel que le veut le PLR, supprimons la TVA sur la nourriture et les livres. Cessons de soumettre l'enseignement, la santé et le social à des tonnes de paperasse et à des procédures de contrôle prévues à l'origine pour l'industrie. Allégeons les contrôles pesant sur les chômeurs. Ne faisons plus subir chaque année des changements de caisses-maladie aux citoyens, aux pharmacies et aux
médecins. Pour mettre fin à l'absurdité de deux systèmes de retraite parallèles, fusionnons AVS et deuxième pilier. Supprimons la taxe Billag et finançons la télévision avec le budget de la Confédération. Introduisons un bulletin de versement unique, par lequel nous pourrions tout verser en une seule fois : impôts locaux et fédéraux, assurance-maladie, AVS, taxe militaire, etc. Un décompte global donnerait une vision d'ensemble permettant aux contribuables de comparer facilement leur situation respective, avec une procédure unique pour contester l'un ou l'autre point de la facture. Supprimons ces effets de seuils qui parfois font perdre des sommes importantes à des gens ayant gagné un franc de trop. N’oublions pas non plus la bureaucratie privée, en interdisant notamment les délais de résiliation scandaleusement longs imposés par les propriétaires de logement et les entreprises de téléphonie.
médecins. Pour mettre fin à l'absurdité de deux systèmes de retraite parallèles, fusionnons AVS et deuxième pilier. Supprimons la taxe Billag et finançons la télévision avec le budget de la Confédération. Introduisons un bulletin de versement unique, par lequel nous pourrions tout verser en une seule fois : impôts locaux et fédéraux, assurance-maladie, AVS, taxe militaire, etc. Un décompte global donnerait une vision d'ensemble permettant aux contribuables de comparer facilement leur situation respective, avec une procédure unique pour contester l'un ou l'autre point de la facture. Supprimons ces effets de seuils qui parfois font perdre des sommes importantes à des gens ayant gagné un franc de trop. N’oublions pas non plus la bureaucratie privée, en interdisant notamment les délais de résiliation scandaleusement longs imposés par les propriétaires de logement et les entreprises de téléphonie.
03 avril 2012
Incarnation et désirs charnels.
Et si Jésus avait été gay ? Tel est le thème amusant d'une exposition
de la galerie C à Neuchâtel (Le Matin, 2 avril). Hypothèse pas
vraiment probable, mais pas impossible non plus. Le Christ ayant eu la
chance de vivre à une époque sans paparazzi, nous ignorons tout de sa
vie intime. Ce sujet n'intéresserait d'ailleurs personne si l'Eglise,
obsédée qu'elle est par la sexualité, n'insistait pour affirmer que le
fils de dieu aurait répugné à s'incarner dans un corps vraiment humain
et à ressentir les mêmes désirs et plaisirs charnels que tout un
chacun. Le débat ayant ainsi été lancé par le Vatican, il est normal
que les artistes s'en emparent. Il n'y a absolument rien d'obscène à
imaginer que le Christ ait pu aimer, avec son corps, des femmes ou des
hommes.
de la galerie C à Neuchâtel (Le Matin, 2 avril). Hypothèse pas
vraiment probable, mais pas impossible non plus. Le Christ ayant eu la
chance de vivre à une époque sans paparazzi, nous ignorons tout de sa
vie intime. Ce sujet n'intéresserait d'ailleurs personne si l'Eglise,
obsédée qu'elle est par la sexualité, n'insistait pour affirmer que le
fils de dieu aurait répugné à s'incarner dans un corps vraiment humain
et à ressentir les mêmes désirs et plaisirs charnels que tout un
chacun. Le débat ayant ainsi été lancé par le Vatican, il est normal
que les artistes s'en emparent. Il n'y a absolument rien d'obscène à
imaginer que le Christ ait pu aimer, avec son corps, des femmes ou des
hommes.
A la gloire d'un compagnon de Pinochet.
Valparaíso, deuxième ville du Chili. Au sommet d'une de ses 45
collines trône le Musée naval et maritime. A l'entrée, une inscription
nous fait savoir que nous ne sommes pas là pour rêver aux vastes
espaces de l'océan, comme nous nous l'imaginions peut-être naïvement:
"Tu entres dans l'enceinte qui garde les reliques de ceux qui, par
leurs faits héroïques dans la guerre, et par leur conduite sage et
honorable dans la paix, ont rendu grand et respecté le nom de notre
marine". Une partie importante du musée glorifie les héros de la
Guerre du Pacifique (1879-1883) qui permit au Chili d'étendre son
territoire vers le nord sur près de 600km, s'appropriant ainsi de
lucratifs gisements de nitrates. Rien n'est prévu pour ménager les
sentiments des pays amputés par l'expansionnisme chilien, la Bolivie
et le Pérou.
Malgré cette atmosphère nationaliste et militariste, le visiteur
s’étonne néanmoins, au deuxième étage, de se retrouver dans une salle
dédiée à la mémoire de l'Amiral José Toribio Merino (1915-1996), un
des principaux instigateurs du coup d'Etat militaire du 11 septembre
1973 et un des quatre membres d'une junte militaire qui assassina des
milliers de personnes. Son portrait grandeur nature domine la salle et
on peut admirer la décoration reçue pour sa participation au coup
d'Etat. Ce fut lui en effet qui entraîna dans l'aventure le futur chef
de la junte, le tristement célèbre Augusto Pinochet (1915-2006). Dans
une missive du 9 septembre Merino prévint "Augusto" de l'imminence du
coup: "Sur ma parole d'honneur, le jour J sera le 11 et l'heure H sera
6h". "Si tu ne mets pas toute la force de Santiago dès le début, nous
ne vivrons pas pour voir le futur".
Le musée présente la proclamation faite le 11 septembre par Merino:
"Ceci n'est pas un coup d'Etat, car c'est un type de schéma qui ne
correspond pas à notre manière d'être et répugne à notre conscience
légaliste et notre profonde conviction civique. Nous poursuivons
uniquement le rétablissement d'un Etat de droit conforme aux
aspirations de tous les Chiliens...". Pas un mot sur l'absence
d'élections pendant les 17 années suivantes. "Formés à une école de
civisme, de respect pour la personne humaine, de vie en commun, de
justice et de patriotisme, nous ne poursuivons pas de finalité autre
que le bonheur de tous les Chiliens, quelle que soit leur condition,
afin qu'ils puissent vivre dans la paix et la tranquilité, sans
crainte du lendemain pour eux-mêmes ou leurs enfants." Pas un mot sur
les tortures.
Le sentimentalisme n'est pas pour autant absent de la salle. On peut
admirer les armoiries de la famille Merino, les photos de José Toribio
Merino enfant et de sa maison natale, ainsi que de son mariage, sans
oublier la douille tirée par l'escadre nationale lors de son accession
au grade de vice-amiral et une photo en compagnie de Jean-Paul II.
Sont également exposés quelques bibelots, cadeaux reçus par Merino de
la part du roi Juan Carlos d'Espagne, du vice-amiral Edwards de la
Britsh Royal Navy et du commandant en chef des forces d'opération de
la marine américaine. L'industrie minière a également offert un petit
souvenir à l'amiral, ce qui était la moindre des choses. Rappelons en
effet que la junte de Pinochet restitua aux industriels les mines
nationalisées par le président socialiste Salvador Allende
(1908-1973), celui-là même qui fut renversé par le coup d'Etat.
On peut également voir une statue en bronze de José Merino devant le
musée et en 1997 la marine chilienne a baptisé un de ses nouveaux
navires "Almirante Merino". Autant de preuves, s'il en fallait encore,
que la junte de Pinochet, 22 ans après de retour à la démocratie,
compte encore de nombreux partisans.
collines trône le Musée naval et maritime. A l'entrée, une inscription
nous fait savoir que nous ne sommes pas là pour rêver aux vastes
espaces de l'océan, comme nous nous l'imaginions peut-être naïvement:
"Tu entres dans l'enceinte qui garde les reliques de ceux qui, par
leurs faits héroïques dans la guerre, et par leur conduite sage et
honorable dans la paix, ont rendu grand et respecté le nom de notre
marine". Une partie importante du musée glorifie les héros de la
Guerre du Pacifique (1879-1883) qui permit au Chili d'étendre son
territoire vers le nord sur près de 600km, s'appropriant ainsi de
lucratifs gisements de nitrates. Rien n'est prévu pour ménager les
sentiments des pays amputés par l'expansionnisme chilien, la Bolivie
et le Pérou.
Malgré cette atmosphère nationaliste et militariste, le visiteur
s’étonne néanmoins, au deuxième étage, de se retrouver dans une salle
dédiée à la mémoire de l'Amiral José Toribio Merino (1915-1996), un
des principaux instigateurs du coup d'Etat militaire du 11 septembre
1973 et un des quatre membres d'une junte militaire qui assassina des
milliers de personnes. Son portrait grandeur nature domine la salle et
on peut admirer la décoration reçue pour sa participation au coup
d'Etat. Ce fut lui en effet qui entraîna dans l'aventure le futur chef
de la junte, le tristement célèbre Augusto Pinochet (1915-2006). Dans
une missive du 9 septembre Merino prévint "Augusto" de l'imminence du
coup: "Sur ma parole d'honneur, le jour J sera le 11 et l'heure H sera
6h". "Si tu ne mets pas toute la force de Santiago dès le début, nous
ne vivrons pas pour voir le futur".
Le musée présente la proclamation faite le 11 septembre par Merino:
"Ceci n'est pas un coup d'Etat, car c'est un type de schéma qui ne
correspond pas à notre manière d'être et répugne à notre conscience
légaliste et notre profonde conviction civique. Nous poursuivons
uniquement le rétablissement d'un Etat de droit conforme aux
aspirations de tous les Chiliens...". Pas un mot sur l'absence
d'élections pendant les 17 années suivantes. "Formés à une école de
civisme, de respect pour la personne humaine, de vie en commun, de
justice et de patriotisme, nous ne poursuivons pas de finalité autre
que le bonheur de tous les Chiliens, quelle que soit leur condition,
afin qu'ils puissent vivre dans la paix et la tranquilité, sans
crainte du lendemain pour eux-mêmes ou leurs enfants." Pas un mot sur
les tortures.
Le sentimentalisme n'est pas pour autant absent de la salle. On peut
admirer les armoiries de la famille Merino, les photos de José Toribio
Merino enfant et de sa maison natale, ainsi que de son mariage, sans
oublier la douille tirée par l'escadre nationale lors de son accession
au grade de vice-amiral et une photo en compagnie de Jean-Paul II.
Sont également exposés quelques bibelots, cadeaux reçus par Merino de
la part du roi Juan Carlos d'Espagne, du vice-amiral Edwards de la
Britsh Royal Navy et du commandant en chef des forces d'opération de
la marine américaine. L'industrie minière a également offert un petit
souvenir à l'amiral, ce qui était la moindre des choses. Rappelons en
effet que la junte de Pinochet restitua aux industriels les mines
nationalisées par le président socialiste Salvador Allende
(1908-1973), celui-là même qui fut renversé par le coup d'Etat.
On peut également voir une statue en bronze de José Merino devant le
musée et en 1997 la marine chilienne a baptisé un de ses nouveaux
navires "Almirante Merino". Autant de preuves, s'il en fallait encore,
que la junte de Pinochet, 22 ans après de retour à la démocratie,
compte encore de nombreux partisans.
14 février 2012
POUR UNE VRAIE PLACE DE LA GARE
1. Projet des autorités. Présentation corrigée de façon à ce que le plan corresponde à la réalité. Pour l'original: http://www.placedelagare.ch/circulations.php |
2. Projet alternatif "Pour une vraie Place de la Gare" |
Ce texte est une version largement révisée d'une lettre envoyée aux autorités, tenant compte de leurs objections.
Les autorités chaux-de-fonnières prévoient un vaste réaménagement de la Place de la Gare. Elles veulent notamment déplacer la zone de stationnement des bus vers l'ouest, afin que ceux-ci passent autour de la Chambre d'horlogerie. Toutefois, le vaste espace libéré de la sorte n'est pas bien exploité. Le projet officiel ne laisse aux piétons que deux demi-places, séparées par un parking. Soit dit en passant, il est tout à fait regrettable que le plan présenté par les autorités baptise "espace privilégié piéton" une zone qui sera traversée par des bus toutes les cinq minutes, raison pour lequel nous avons dû en corriger la présentation (plan 1 ci-dessus).
Nous laissons passer l'occasion de créer une vraie place, un vaste espace qui pourrait accueillir des terrasses de café comparables à celles de la Place des Halles de Neuchâtel, ainsi que de nombreuses manifestations culturelles : concerts, théâtre de rue, carrousels, marchés aux puces, concours de pétanque, sculptures de neige et autres manifestations en tout genre. Mettez-vous à la place des organisateurs d'événements : il vous semblera évident qu'un lieu où passent plusieurs milliers de voyageurs par jour offre une visibilité bien supérieure à la place du Marché ou à Espacité. La Place de la Gare a vocation à devenir le véritable centre de la ville. Les autorités commettent une grande erreur lorsque elles la conçoivent comme un simple lieu de passage. Une ville qui sépare les lieux d'activités des lieux de passages donne aux visiteurs une impression de ville morte. Offrons-leur plutôt l'image d'une ville animée.
Par bonheur, l'intervalle entre le bâtiment de la Poste et la Chambre patronale est suffisamment important pour qu'on puisse y faire passer les voitures le long de la Poste, un couloir piéton au milieu ainsi que les bus le long de la Chambre patronale. Il est vrai qu'il faudrait alors, par rapport au projet officiel, déplacer d'une dizaine de mètres vers l'ouest la zone de stationnement des bus (ceux-ci ayant de la difficulté à négocier des virages trop serrés), ce qui obligerait probablement à la surélever un peu par rapport au reste de la place, car la rue des Armes-Réunies, à l'ouest de la Chambre, est plus élevée. Mais cela n'est probablement pas un problème insurmontable.
Comme le montre le plan n°2 ci-dessus, on pourrait mettre le parking juste à côté de la zone de stationnement des bus, en laissant toutefois un couloir pour les piétons qui souhaiteraient se diriger droit devant en sortant de la Gare. En arrondissant le coin de la zone voitures (après tout, celles-ci ne tournent pas à angle droit) juste devant la Gare, on pourrait faire en sorte que les piétons qui passent par la porte principale ne se trouvent pas nez à nez avec le parking.
Tout l'est de la Place pourrait être 100% piéton, ainsi que la rue située entre la Poste et le Terminus, de même, peut-être, que le tronçon de la rue Daniel Jean-Richard qui joint la Place de la Gare et la partie déjà piétonne de cette rue, située devant Métropole-Centre. Les places de parcs ainsi perdues seraient récupérées au sud de la Gare, où un grand parking est prévu. Certains objectent à cela que les commerçants demandent des places de parc à proximité de leurs établissements. Pourtant, ceux-ci, notamment les cafés, ont tout à gagner si la place devient plus animée, d'autant plus qu'avec le Transrun, on prévoit un triplement du nombre de voyageurs.
Il est indéniable que la présente proposition est tardive et engendrerait retards et frais supplémentaires. Il est extrêmement regrettable que personne n'y ait pensé plus tôt. L'esthétique de la place, pour laquelle un concours a déjà eu lieu et un gagnant a été désigné, devrait peut-être, le cas échéant, être repensée. Toutefois, le Transrun étant prévu pour 2020, la précipitation n'est pas de mise dans ce dossier, qui mérite peut-être d'être encore creusé.
06 février 2012
Projet "pour une vraie Place de la Gare" (suite)
Vous avez
peut-être lu mon message précédent au sujet de mon projet Pour une vraie place de la gare,
où je propose d'en faire une vaste place qui pourrait accueillir toutes
sortes d'activités, sans entraver le transit qui s'y déroule.
J'ai depuis été reçu par l'aménagiste Philippe Carrard, ainsi que par le chef de projet Nicolas Vuilleumier. L'entretien a été convivial et très intéressant et m'a permis de mieux comprendre toute la complexité de ce genre de dossier où il faut ménager grand nombre d'intérêts contradictoires. Toutefois, je continue à penser que nous ratons une occasion. Malgré les grandes compétences techniques de MM. Carrard et Vuilleumier, je pense que le projet a été conçu en fonction de principes en partie erronés.
La première erreur est de considérer que la Place de la Gare doit être avant tout un lieu de passage, n'ayant pas vocation à accueillir de nombreuses activités. Je pense quant à moi que toute manifestation, quelle qu'elle soit (cinéma en plein air, concours de pétanque, sculptures de neiges, etc. etc.) perd une grande partie de son public potentiel si elle située à l'écart des lieux de transit. Une ville qui sépare les lieux d'activités des lieux de passages donne l'impression, à première vue, d'être une ville morte. La Place de la Gare pourrait offrir un espace à la fois plus vaste, plus plat et plus passant qu'Espacité. Elle a vocation à être une vitrine de la ville à destination du nouvel arrivant.
La deuxième erreur consiste à tolérer que des espaces dit "piétons" soient traversés par des véhicules. Le projet de la commune prévoit devant la Gare un vaste désert minéral où l'on ne pourra jamais rien organiser car il sera parcouru par des bus toutes les cinq minutes. Le couvert situé devant la Gare n'offrira que des possibilités limitées de ce point de vue. La suppression des places de parcs pour l'organisation de manifestations ne sera possible qu'occasionnellement.
Parmi les objections que MM.Carrard et Vuilleumier ont présentées au projet "pour une vraie Place de la Gare", quatre méritent d'être relevées:
1. L'objection présentée dans l'article de M.Nussbaum, paru dans l'Impartial, selon laquelle les piétons partant droit devant eux depuis la Gare n'auraient pas un passage facile est fausse. Il est possible d'aménager, en partant de la porte du bâtiment de la Gare, un couloir piéton suffisamment large entre les bus et les voitures.
J'ai depuis été reçu par l'aménagiste Philippe Carrard, ainsi que par le chef de projet Nicolas Vuilleumier. L'entretien a été convivial et très intéressant et m'a permis de mieux comprendre toute la complexité de ce genre de dossier où il faut ménager grand nombre d'intérêts contradictoires. Toutefois, je continue à penser que nous ratons une occasion. Malgré les grandes compétences techniques de MM. Carrard et Vuilleumier, je pense que le projet a été conçu en fonction de principes en partie erronés.
La première erreur est de considérer que la Place de la Gare doit être avant tout un lieu de passage, n'ayant pas vocation à accueillir de nombreuses activités. Je pense quant à moi que toute manifestation, quelle qu'elle soit (cinéma en plein air, concours de pétanque, sculptures de neiges, etc. etc.) perd une grande partie de son public potentiel si elle située à l'écart des lieux de transit. Une ville qui sépare les lieux d'activités des lieux de passages donne l'impression, à première vue, d'être une ville morte. La Place de la Gare pourrait offrir un espace à la fois plus vaste, plus plat et plus passant qu'Espacité. Elle a vocation à être une vitrine de la ville à destination du nouvel arrivant.
La deuxième erreur consiste à tolérer que des espaces dit "piétons" soient traversés par des véhicules. Le projet de la commune prévoit devant la Gare un vaste désert minéral où l'on ne pourra jamais rien organiser car il sera parcouru par des bus toutes les cinq minutes. Le couvert situé devant la Gare n'offrira que des possibilités limitées de ce point de vue. La suppression des places de parcs pour l'organisation de manifestations ne sera possible qu'occasionnellement.
Parmi les objections que MM.Carrard et Vuilleumier ont présentées au projet "pour une vraie Place de la Gare", quatre méritent d'être relevées:
1. L'objection présentée dans l'article de M.Nussbaum, paru dans l'Impartial, selon laquelle les piétons partant droit devant eux depuis la Gare n'auraient pas un passage facile est fausse. Il est possible d'aménager, en partant de la porte du bâtiment de la Gare, un couloir piéton suffisamment large entre les bus et les voitures.
2. Les commerces de l'est de la Place, qui ont souhaité des places de
parc à proximité, en seraient moins proches dans le projet "pour une
vraie Place de la Gare". C'est indéniable. Je pense que ces commerces
seront malgré tout grandement favorisés par la fréquentation plus grande
de la place. Les cafés, en particulier, auraient plus d'espace pour
installer des terrasses.
3. Selon le projet "pour une vraie Place de la Gare", les bus devraient passer non pas le long de la poste, comme c'est le cas dans le projet de la commune, mais une quinzaine de mètre plus à l'ouest, afin que voitures et piétons puissent passer entre le couloir des bus et la poste. Cela rendrait nécessaire un déplacement vers l'ouest (entre dix et quinze mètres) de l'espace de stationnement des bus. D'autre part, les bureaux des TC prévus dans le bâtiment de la Poste, déjà relativement loin des bus dans le projet de la commune, se retrouveraient encore plus éloignés et il faudrait peut-être trouver une autre solution. En autre, vue la pente existante dans cette partie de la place, l'espace de stationnement des bus, qui doit être plat, se retrouverait rehaussé, peut-être d'un mètre, au-dessus de ce qui restera du parc de la Gare, ce qui est moins pratique que si elle trouvait au même niveau.
4. Enfin, il est indéniable que ma proposition est tardive et engendrerait retards et frais supplémentaires. Je regrette profondément de ne pas y avoir pensé plus tôt. L'esthétique de la place, pour laquelle un concours a déjà eu lieu et un gagnant a été désigné, devrait peut-être, le cas échéant, être repensée. Toutefois, le Transrun étant prévu pour 2020, la précipitation n'est pas de mise dans ce dossier, qui mérite peut-être d'être encore creusé.
3. Selon le projet "pour une vraie Place de la Gare", les bus devraient passer non pas le long de la poste, comme c'est le cas dans le projet de la commune, mais une quinzaine de mètre plus à l'ouest, afin que voitures et piétons puissent passer entre le couloir des bus et la poste. Cela rendrait nécessaire un déplacement vers l'ouest (entre dix et quinze mètres) de l'espace de stationnement des bus. D'autre part, les bureaux des TC prévus dans le bâtiment de la Poste, déjà relativement loin des bus dans le projet de la commune, se retrouveraient encore plus éloignés et il faudrait peut-être trouver une autre solution. En autre, vue la pente existante dans cette partie de la place, l'espace de stationnement des bus, qui doit être plat, se retrouverait rehaussé, peut-être d'un mètre, au-dessus de ce qui restera du parc de la Gare, ce qui est moins pratique que si elle trouvait au même niveau.
4. Enfin, il est indéniable que ma proposition est tardive et engendrerait retards et frais supplémentaires. Je regrette profondément de ne pas y avoir pensé plus tôt. L'esthétique de la place, pour laquelle un concours a déjà eu lieu et un gagnant a été désigné, devrait peut-être, le cas échéant, être repensée. Toutefois, le Transrun étant prévu pour 2020, la précipitation n'est pas de mise dans ce dossier, qui mérite peut-être d'être encore creusé.
Envoyé à divers correspondants.
01 février 2012
Un précurseur de Darwin, il y a deux mille ans.
Écrit
au premier siècle avant Jésus-Christ, De la Nature des
Choses, texte fascinant du philosophe romain Lucrèce, a échappé
à des milliers de générations de souris. Cette œuvre nous est
miraculeusement parvenue grâce aux moines copistes du Moyen-Âge,
qui ont bien voulu la sauver malgré sa philosophie matérialiste.
Lucrèce pense que tout est fait d'atomes dénués de volonté. Les
êtres vivants ne sont que des assemblages de hasard, destinés à se
décomposer un jour. Les dieux, qui ne soucient pas de l'humanité,
sont formés eux aussi d'atomes et sont tout aussi mortels que les
autres êtres.
De la Nature des Choses est
une tentative de tout expliquer à partir des atomes, y compris ce
que nous appelons la biologie, à laquelle est consacré le livre V,
dont sont tirés les passages cités ici. A première vue,
Lucrèce est loin de Darwin. La notion d'évolution des espèces est
totalement étrangère au philosophe romain. Les êtres vivants « se
forment au sein de la terre, engendrés par l'eau des pluies et la
chaleur du soleil. » Cette idée, qui est compatible avec des
observations superficielles, est connue dans l'histoire de la
biologie sous le nom de « génération spontanée ». Lucrèce pense que ce mécanisme,
aujourd'hui limité et ne produisant que des êtres de petite taille, tels que des vers ou des insectes,
était bien plus puissant par le passé : « Il n'est donc
pas étonnant qu'il en soit né de plus nombreux et de plus grands
alors qu'ils pouvaient se développer dans toute la nouveauté de la
terre et de l'air ».
Ainsi s'explique également la
naissance de l'humanité, d'une façon aussi peu darwinienne que
chrétienne : « Chaleur et humidité abondaient dans les
campagnes. Aussi, partout où la disposition des lieux s'y prêtait,
des matrices croissaient-elles enracinées dans le sol, et le terme
venu, l'âge libérait les nouveau-nés fuyant l'humidité et
aspirant à l'air libre ». Qu'on ne s'étonne pas de ne plus
observer ce phénomène, car le monde s'use : « Mais il y a un terme à la
fécondité, et la terre cessa d'enfanter, telle une femme épuisée
par l'âge. » Là encore, nous avons une idée tout sauf darwinienne.
Pourtant, malgré des conceptions
largement opposées, Darwin et Lucrèce étaient confrontés à la
même question fondamentale. Bien que l'un ait crû en Dieu et
l'autre aux dieux, ils tentaient tous les deux d'expliquer le monde
en termes mécanistes, sans recourir à des explications
surnaturelles, qu'il se soit agi d'être divins ou de « forces
vitales ». Dans une telle posture, même les êtres éminemment
complexes que nous sommes sont le résultat du hasard, ce qui, en
première analyse, peut sembler complètement impossible. La réponse
à cet apparent paradoxe fut la grande contribution de Darwin (et de
Wallace, qui eut la même idée au même moment).
Dans son livre de 1859, « De
l'Origine des Espèces par la Sélection Naturelle », un des
plus importants de l'Histoire mondiale des sciences, Darwin explique
que les organismes vivants produisent des descendants en trop grande
abondance pour que tous puissent survivre. Seuls ceux qui sont le
mieux adaptés aux conditions environnementales pourront avoir une
descendance. Ainsi, les caractéristiques les mieux adaptées à la
survie se transmettront de génération en génération. Il en
résultera, au fil des millions d'années, des organismes tellement
bien faits qu'ils donnent l'impression d'avoir été mis au point
dans les moindre détails par un Créateur. C'est dans cette
découverte que réside le véritable coup de génie de Darwin, car
plusieurs penseurs avant lui, notamment le Français Jean-Baptiste
Lamarck (1744-1829), avaient déjà formulé l'idée de l'évolution.
Mais il leur en manquait le mécanisme.
Pourtant, la sélection naturelle avait été imaginé
dix-huit siècles plus tôt, bien avant l'idée d'évolution
elle-même. Lucrèce n'avait évidemment aucune notion de génétique
et de mutants. Il imagine, tout simplement, que le hasard engendre
naturellement la diversité : « Que de monstres la terre
en travail s'efforça de créer, étranges de traits et de
structure ! On vit l'androgyne, qui tient des deux sexes mais
n'appartient à aucun [...] On vit des êtres sans pieds et sans
mains. » Tout comme Darwin, Lucrèce pense que les organismes
inadaptés ne survivent pas : « Tous ces monstres et
combien d'autres de même sorte furent créés en vain [...] ils ne
purent toucher à la fleur de l'âge, ni trouver de nourriture, ni
s'unir par les liens de Vénus. » La disparition étant la
norme, il faut expliquer la survie : « Toutes celles que
tu vois respirer l'air vivifiant, c'est la ruse ou la force, ou enfin
la vitesse qui dès l'origine les a défendues et conservées ».
La convergence entre Darwin et Lucrèce,
à la fois étonnante et logique, est des plus instructives pour
comprendre une autre évolution, celle des idées scientifiques. Elle
montre la fécondité de la vision atomiste du monde, qui permit à
Lucrèce d'énoncer un mécanisme qui fut si difficile à concevoir
dix-neufs siècles plus tard, alors que la biologie avait pourtant
déjà accomplie de prodigieuses avancées.
Paru dans le Courrier aujourd'hui. On m'a depuis fait remarquer que Lucrèce reprenait des idées formulées plusieurs siècles auparavant, notamment Aristote, Empédocle ou Anaxagore.
31 janvier 2012
Langue de bois à La Chaux-de-Fonds
En haut, sur le plan 1, nous sommes plongés dans le chaos. Bientôt, tout sera ordre, calme et limpidité, comme on le voit sur le plan 2. Tel est le message subliminal qu'essaient de faire passer les autorités chaux-de-fonnières au sujet du projet de réaménagement de la Place de Gare. Pourtant, un examen même rapide du plan 2 permet de constater que le soi-disant "espace piéton" est partagé avec des bus, alors que l'autoproclamé "espace détente" est traversé par des voitures. On sait que les autorités chaux-de-fonnières sont échaudées par le rejet de plusieurs projets d'urbanisme en votation. Apparemment, elles en ont définitivement tiré la conclusion que le peuple est idiot. (source: http://www.placedelagare.ch/circulations.php)
...
Plan 1. Avant transformation. Le chaos. |
Plan 2. Après transformation. Ordre, calme et volupté |
22 janvier 2012
Ne confondons pas élites et élites.
Christophe Blocher est un politicien
qui base ses discours sur la dénonciation des politiciens. Cette
contradiction est relevée avec justesse par Yves Pétignat dans son
article du 20 janvier, « Les élites, véritables cibles de
l'UDC ». Toutefois, M.Pétignat oublie que Blocher n'attaque
pas toutes les élites. Il ne critique les dirigeants de l'économie
que lorsque ceux-ci sont déjà à terre, comme dans le cas de
Swissair ou de l'UBS. La vision de l'UDC n'est donc qu'en apparence
anti-élitaire et vise en réalité à un affaiblissement de l'Etat
en vue de renforcer, justement, le pouvoir des élites économiques.
C'est par pure démagogie ce parti prétend s'en prendre aux plus
puissants, alors qu'en réalité il est le pire ennemi des plus
faibles. Une démagogie dont Yves Pétignat, par son analyse
insuffisamment approfondie, se fait le complice malgré lui.
Envoyé au Temps
Envoyé au Temps
18 janvier 2012
Rendons justice à Bonhôte !
Avez-vous déjà entendu parler de
chômeurs qui continuent à toucher leurs indemnités après avoir
retrouvé un emploi ? Oui. Il s'agit de gens bien connus :
les conseillers communaux ou conseillers d’État à la retraite. Il
y a pourtant des exceptions. L'Impartial et l'Express du 13 janvier
2012 nous apprennent que Pierre Bonhôte, ancien conseiller communal
socialiste à Neuchâtel, se sent discriminé parce qu'il n'a touché
que 49 mensualités. Ne croyez pas qu'il a perdu sa rente à cause de
l'emploi fort bien payé qu'il occupe, celui de chimiste cantonal.
Son indemnité était limitée dans le temps parce qu'il a quitté
ses fonctions avant 40 ans. Quatre ans, c'est deux fois plus que ce
que peut percevoir un chômeur ordinaire, mais c'est évidemment
beaucoup moins que la rente à vie que souhaitait M. Bonhôte.
On pourrait remédier à son terrible
sentiment d'injustice en supprimant le système de rente à vie.
Celui-ci sert soi-disant à aider ses bénéficiaires à se
réinsérer, mais alors j'aimerais qu'on explique pourquoi une
personne qui a retrouvé un emploi continue à percevoir une aide.
Certes, les retraités de luxe des exécutifs ne sont pas tous
pourris, car certains reversent leur rente à leur parti, mais
ceux-ci pourraient très bien être financés autrement. S'il y avait
une votation, les rentes à vie seraient balayées par le peuple.
Malheureusement, on ne peut guère compter sur les milieux politiques
pour mettre ce sujet sur la table.
09 janvier 2012
Le président a la mémoire Kurth
« La Chaux-de-Fonds et l'Arc
jurassien sont bel et bien le berceau de l'industrie horlogère »,
affirme M. Laurent Kurth (Impar/Express, 7 janvier). Même si le
marché du tic-tac est peut-être plus soucieux de bling bling que de
vérité historique, on est en droit d'attendre, de la part du
président de la Ville de la Chaux-de-Fonds, des connaissances un
petit peu plus exactes au sujet de l'industrie de la précision,
qu'il a la charge de défendre. N'en déplaise aux adeptes du
cocorico, il n'y avait guère que des loups dans nos montagnes au
XIIIème siècle, lorsque les premières horloges mécaniques furent
construites à l'étranger. Plus près de nous dans le temps, le plus
grand horloger de l'Histoire fut sans doute l'Anglais John Harrison
(1693-1776). Grâce à des années de travail acharné, ce simple
charpentier parvint, au nez et à la barbe des plus grands
intellectuels, à trouver une solution au grand problème de son
époque : la mesure en mer de la longitude (position sur l'axe
est-ouest). Il était nécessaire de savoir l'heure pour déterminer
la position du navire en fonction des étoiles, car la terre tourne.
John Harrison fut le premier à fabriquer des garde-temps
suffisamment précis, qui plus est résistants aux dures conditions
de l'océan, évitant ainsi de nombreux naufrages. Il est dommage que
ces faits ne soient pas mieux connu en nos terres horlogères.
Espérons que le futur Musée d'Histoire saura replacer notre industrie dans son contexte international.
05 janvier 2012
Le Capitalisme, mis en alexandrins.
L'existence de nos démocraties, voire, de plus en plus, leur inexistence, est largement déterminée par la finance, que le grand public, souvent saisi d'une légitime répugnance, comprend si mal. Nous ne pouvons donc que saluer la première œuvre théâtrale de Frédéric Lordon, l'économiste bien connu : « D'un retournement l'autre. Comédie sérieuse en quatre actes et en alexandrins », parue en 2011 au Seuil. Comme le voulait son auteur, la pièce est jouée par de petites troupes dans diverses régions de France. Elle fait à la foi pleurer et rire, offrant un contraste entre le raffinement de la langue classique et la vulgarité du capitalisme.
Lorsque le rideau se lève, les banquiers, pris au piège des prêts fantaisistes engloutis dans l'immobilier américain, les célèbres subprimes, sont en pleine panique :
Permettre à tous les gueux d'apporter leur maison,
Comme collatéral de leur consommation.
Si l'immobilier monte, ils peuvent emprunter,
Et ainsi d'avantage encore consommer.
Comme on peut s'y attendre, un fois informé de la débâcle bancaire, le président n'hésite pas très longtemps :
Si les tirer d'affaire c'est sauver le système,
Et surtout moi avec, pensons-y tout de même.
On sait ce qu'il advint. Une fois sauvés par l'Etat, les banquiers n'investissent pas pour autant leur argent dans l'économie réelle :
Quant à moi, je sais bien ce que je dois en faire,
Et j'incline à penser que le plus salutaire,
Est encore à la Bourse de l'aller investir,
Plutôt qu'en l'industrie de le laisser croupir.
Nous ne dévoilerons pas la suite. Vous avez déjà compris que les banquiers font rimer leurs « bonus » avec le « médius », le doigt d'honneur qu'ils nous tendent...
Des villas somptueuses sont au prix de cabanes,
L'immobilier s'écroule, nous passons pour des ânes.
Les courtiers ont menti et dans les formulaires
Gonflé les revenus, inventé les salaires.
Pendant ce temps, « le président », dans son palais, ne sait pas encore ce qui se trame. On reconnaît sans peine Nicolas Sarkozy, qui voulait à l'époque faire adopter en France, ne l'oublions pas, le même système qu'aux Etats-Unis, celui qui a amené des millions d'Américains à se faire expulser de leurs maisons : Permettre à tous les gueux d'apporter leur maison,
Comme collatéral de leur consommation.
Si l'immobilier monte, ils peuvent emprunter,
Et ainsi d'avantage encore consommer.
Comme on peut s'y attendre, un fois informé de la débâcle bancaire, le président n'hésite pas très longtemps :
Si les tirer d'affaire c'est sauver le système,
Et surtout moi avec, pensons-y tout de même.
On sait ce qu'il advint. Une fois sauvés par l'Etat, les banquiers n'investissent pas pour autant leur argent dans l'économie réelle :
Quant à moi, je sais bien ce que je dois en faire,
Et j'incline à penser que le plus salutaire,
Est encore à la Bourse de l'aller investir,
Plutôt qu'en l'industrie de le laisser croupir.
Nous ne dévoilerons pas la suite. Vous avez déjà compris que les banquiers font rimer leurs « bonus » avec le « médius », le doigt d'honneur qu'ils nous tendent...
19 décembre 2011
Tais-toi et mange !
Les pauvres doivent-ils « fermer leur gueule » ?
Le restaurant social Ekir, à La Chaux-de-Fonds, sert depuis bientôt trois ans des repas de qualité à sept francs. Le travail y est en totalité effectué par des bénévoles. Parmi ceux-ci, des gens « comme tout le monde » côtoient sur un pied d'égalité des personnes dont le parcours a été plus difficile, dont un certain nombre de bénéficiaires des services sociaux ou de l'AI, pour qui les programmes d'insertion officiels sont souvent trop rigides. Ici, chacun peut venir travailler à son propre rythme, régulièrement ou une fois de temps à autre. Il n'y a aucune hiérarchie et toutes les décisions sont prises par l'assemblée du mercredi, ouverte à tous les bénévoles.
Ce fonctionnement particulier n'est pas toujours bien compris, ni bien accepté, par des « bien-pensants » qui estiment que la « réinsertion » devrait se faire sous la supervision de travailleurs sociaux. D'autres vont jusqu'à remettre en cause la liberté d'expression d'Ekir.
Ainsi, en septembre dernier, l'association s'est fait taper sur les doigts parce qu'elle avait osé contacter la presse locale pour se plaindre du niveau trop bas des subventions versées par la Ville de la Chaux-de-Fonds. Elle s'est fait immédiatement remettre à l'ordre par la conseillère communale (exécutif) Annie Clerc, affirmant que « si une décision de subvention doit être remise en cause, elle devrait l'être par un courrier ou par une demande de rencontre ».
Plus récemment, l'association Table suisse, qui récupère les invendus des supermarchés et les redistribue, n'a pas admis qu'Ekir collabore à la pétition des Indignés de La Chaux-de-Fonds, qui exige que la Migros Neuchâtel-Fribourg cesse de jeter ses surplus et les donne plutôt à ... Table suisse. Bien que la pétition ait rencontré un important succès et que la Migros se soit rapidement déclarée prête à négocier, Table suisse, craignant que ce genre de méthodes nuise à ses relations avec ses fournisseurs, s'en est vigoureusement désolidarisé, n'hésitant pas à parler de « pseudo-victoire ». On peut comprendre et respecter ce point de vue. En revanche, le chantage exercé par Table suisse laisse songeur : « Si une situation similaire venait à se reproduire, nous serions dans l'obligation de cesser immédiatement et de manière définitive toute livraison à votre association. Décision qui serait probablement plus lourde de conséquences pour vous que pour nous ».
On pourrait croire que la liberté d'expression, garantie par l'article 16 de la Constitution, devrait aller de soi dans la Suisse de 2011. Pourtant, d'aucuns estiment visiblement que toute personne ou association bénéficiaire d'une aide, en espèce ou en nature, ne devrait pas s'exprimer publiquement sans l'autorisation de ses bienfaiteurs. Comme l'avait dit l'ancien président de Neuchâtel Xamax, Silvio Bernasconi, « que ceux qui n'ont pas d'argent ferment leur gueule » !
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Le restaurant social Ekir, à La Chaux-de-Fonds, sert depuis bientôt trois ans des repas de qualité à sept francs. Le travail y est en totalité effectué par des bénévoles. Parmi ceux-ci, des gens « comme tout le monde » côtoient sur un pied d'égalité des personnes dont le parcours a été plus difficile, dont un certain nombre de bénéficiaires des services sociaux ou de l'AI, pour qui les programmes d'insertion officiels sont souvent trop rigides. Ici, chacun peut venir travailler à son propre rythme, régulièrement ou une fois de temps à autre. Il n'y a aucune hiérarchie et toutes les décisions sont prises par l'assemblée du mercredi, ouverte à tous les bénévoles.
Ce fonctionnement particulier n'est pas toujours bien compris, ni bien accepté, par des « bien-pensants » qui estiment que la « réinsertion » devrait se faire sous la supervision de travailleurs sociaux. D'autres vont jusqu'à remettre en cause la liberté d'expression d'Ekir.
Ainsi, en septembre dernier, l'association s'est fait taper sur les doigts parce qu'elle avait osé contacter la presse locale pour se plaindre du niveau trop bas des subventions versées par la Ville de la Chaux-de-Fonds. Elle s'est fait immédiatement remettre à l'ordre par la conseillère communale (exécutif) Annie Clerc, affirmant que « si une décision de subvention doit être remise en cause, elle devrait l'être par un courrier ou par une demande de rencontre ».
Plus récemment, l'association Table suisse, qui récupère les invendus des supermarchés et les redistribue, n'a pas admis qu'Ekir collabore à la pétition des Indignés de La Chaux-de-Fonds, qui exige que la Migros Neuchâtel-Fribourg cesse de jeter ses surplus et les donne plutôt à ... Table suisse. Bien que la pétition ait rencontré un important succès et que la Migros se soit rapidement déclarée prête à négocier, Table suisse, craignant que ce genre de méthodes nuise à ses relations avec ses fournisseurs, s'en est vigoureusement désolidarisé, n'hésitant pas à parler de « pseudo-victoire ». On peut comprendre et respecter ce point de vue. En revanche, le chantage exercé par Table suisse laisse songeur : « Si une situation similaire venait à se reproduire, nous serions dans l'obligation de cesser immédiatement et de manière définitive toute livraison à votre association. Décision qui serait probablement plus lourde de conséquences pour vous que pour nous ».
On pourrait croire que la liberté d'expression, garantie par l'article 16 de la Constitution, devrait aller de soi dans la Suisse de 2011. Pourtant, d'aucuns estiment visiblement que toute personne ou association bénéficiaire d'une aide, en espèce ou en nature, ne devrait pas s'exprimer publiquement sans l'autorisation de ses bienfaiteurs. Comme l'avait dit l'ancien président de Neuchâtel Xamax, Silvio Bernasconi, « que ceux qui n'ont pas d'argent ferment leur gueule » !
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27 novembre 2011
25 novembre 2011
Le coût social des naissances non désirées
A lire aussi sur le site de Domaine public
Les milieux suisses opposés à l’avortement, ayant renoncé à convaincre les citoyens sur le fond de la question, se replient sur des arguments bassement financiers. Ils ont déposé le 4 juillet 2011 une initiative populaire fédérale visant à supprimer le remboursement de l’interruption de grossesse par l’assurance de base. Ils espèrent ainsi pouvoir interdire aux femmes pauvres ce qu’ils ne peuvent interdire à toutes les femmes.
Bien que les sommes en question soient dérisoires, le débat est malheureusement lancé. A ce sujet, il est intéressant de prendre connaissance des travaux des économistes américains Steven Levitt et Stephen Dubner: ils se sont interrogés sur la baisse de la criminalité constatée aux Etats-Unis dès le début des années 1990, que personne n’avait prévue. Après avoir constaté que nombre d’explications courantes – plus grande sévérité des peines, meilleure efficacité policière – ne sont pas confirmées statistiquement, ils arrivent à la conclusion surprenante que la cause principale du phénomène remonte à … 1973, lorsque l’avortement devint légal dans l’ensemble des États-Unis.
Il semble bien qu’un enfant non désiré, que sa mère aurait préféré ne pas mettre au monde, a une probabilité particulièrement forte de devenir criminel. Lorsque l’avortement fut légalisé, on constata que les enfants non nés auraient eu 50% de chances de plus que la moyenne d’être pauvres et 60% de chances de plus que la moyenne de grandir dans une famille monoparentale, deux facteurs qui doublent le risque de devenir criminel, au même titre que le fait d’avoir pour mère une adolescente. Il n’est donc pas si étonnant que la criminalité ait commencé à baisser une vingtaine d’années après la légalisation de l’avortement.
Une analyse plus fine apporte confirmation: dans les cinq États qui ont légalisé l’avortement avant 1973, soit New York, la Californie, l’Etat de Washington, Hawaï et l’Alaska, la criminalité a baissé plus tôt que dans le reste du pays. D’autre part, les États ayant connu le plus fort taux d’avortement au cours des années 70 sont ceux où la criminalité a le plus baissé au cours des années 90. Des études effectuées en Australie et au Canada sont arrivées à des conclusions semblables.
En Suisse aussi, les femmes qui font le choix douloureux de renoncer à leur enfant sont celles qui auraient le plus de peine à l’éduquer dans de bonnes conditions. Par-dessus le marché, le non-remboursement de l’interruption de grossesse pénaliserait en priorité les plus démunies d’entre elles. Les enfants nés dans de telles conditions difficiles courraient donc un risque de mal tourner largement supérieur à la moyenne en plus des autres difficultés sociales liées à une naissance non forcément désirée et planifiée.
Autant dire que les soi-disant économies mises en avant par les opposants à l’avortement entraîneraient probablement des dépenses supplémentaires.
_____
Source: Steven D. Levitt et Stephen Dubner, Freakonomics, Folio actuel 2006, «Où sont passés les criminels?», pp. 172-216.
Les milieux suisses opposés à l’avortement, ayant renoncé à convaincre les citoyens sur le fond de la question, se replient sur des arguments bassement financiers. Ils ont déposé le 4 juillet 2011 une initiative populaire fédérale visant à supprimer le remboursement de l’interruption de grossesse par l’assurance de base. Ils espèrent ainsi pouvoir interdire aux femmes pauvres ce qu’ils ne peuvent interdire à toutes les femmes.
Bien que les sommes en question soient dérisoires, le débat est malheureusement lancé. A ce sujet, il est intéressant de prendre connaissance des travaux des économistes américains Steven Levitt et Stephen Dubner: ils se sont interrogés sur la baisse de la criminalité constatée aux Etats-Unis dès le début des années 1990, que personne n’avait prévue. Après avoir constaté que nombre d’explications courantes – plus grande sévérité des peines, meilleure efficacité policière – ne sont pas confirmées statistiquement, ils arrivent à la conclusion surprenante que la cause principale du phénomène remonte à … 1973, lorsque l’avortement devint légal dans l’ensemble des États-Unis.
Il semble bien qu’un enfant non désiré, que sa mère aurait préféré ne pas mettre au monde, a une probabilité particulièrement forte de devenir criminel. Lorsque l’avortement fut légalisé, on constata que les enfants non nés auraient eu 50% de chances de plus que la moyenne d’être pauvres et 60% de chances de plus que la moyenne de grandir dans une famille monoparentale, deux facteurs qui doublent le risque de devenir criminel, au même titre que le fait d’avoir pour mère une adolescente. Il n’est donc pas si étonnant que la criminalité ait commencé à baisser une vingtaine d’années après la légalisation de l’avortement.
Une analyse plus fine apporte confirmation: dans les cinq États qui ont légalisé l’avortement avant 1973, soit New York, la Californie, l’Etat de Washington, Hawaï et l’Alaska, la criminalité a baissé plus tôt que dans le reste du pays. D’autre part, les États ayant connu le plus fort taux d’avortement au cours des années 70 sont ceux où la criminalité a le plus baissé au cours des années 90. Des études effectuées en Australie et au Canada sont arrivées à des conclusions semblables.
En Suisse aussi, les femmes qui font le choix douloureux de renoncer à leur enfant sont celles qui auraient le plus de peine à l’éduquer dans de bonnes conditions. Par-dessus le marché, le non-remboursement de l’interruption de grossesse pénaliserait en priorité les plus démunies d’entre elles. Les enfants nés dans de telles conditions difficiles courraient donc un risque de mal tourner largement supérieur à la moyenne en plus des autres difficultés sociales liées à une naissance non forcément désirée et planifiée.
Autant dire que les soi-disant économies mises en avant par les opposants à l’avortement entraîneraient probablement des dépenses supplémentaires.
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Source: Steven D. Levitt et Stephen Dubner, Freakonomics, Folio actuel 2006, «Où sont passés les criminels?», pp. 172-216.
24 novembre 2011
Prunelle de l'oeil de Dieu, mon oeil !
« Israël, prunelle de l’œil de Dieu ». Chacun aura lu sur les murs de nos régions ce slogan qui fait la promotion d'un pays maintes fois condamné par les Nations-Unies, qui mène une politique coloniale brutale à l'encontre du peuple palestinien. Ces affiches, qui postulent la supériorité d'un peuple sur les autres, sont racistes, de la même façon qu'il est raciste de prétendre que la race blanche est une race supérieure, même si on ne dit rien de négatif sur les Noirs ou les Chinois. Il est normal et même sain que certaines personnes aient réagi par des graffitis. Cela n'est certes pas légal, mais s'agissant d'affiches qui devraient elles-mêmes tomber sous le coup de la loi contre le racisme, c'est une réponse proportionnée. Les graffiteurs n'ont pour l'instant pas dérapé vers l'antisémitisme comme on aurait pu le craindre, ce qui est réjouissant pour la communauté juive et pour tout le monde. Si les afficheurs ont réagi par une plainte pénale pour dommage à la propriété, comme on peut le lire dans l'Impartial et l'Express du 23 novembre, c'est probablement parce qu'ils n'ont pas d'autres arguments à faire valoir. Si vraiment ils sont ignorants au point de s'imaginer une seule seconde que le message qu'il véhiculent est « d'ordre spirituel et non pas politique », si vraiment ils ne savent pas que Dieu est utilisé comme argument dans une lutte féroce pour la terre et l'accès à l'eau, alors espérons que cette affaire leur donnera l'occasion de réfléchir quelque peu.
Paru dans l'Impartial
Paru dans l'Impartial
11 novembre 2011
Petit problème de probabilités
Le problème était le suivant: derrière trois portes closes se trouvent une voiture et deux vaches en carton. Le candidat, qui en principe souhaite gagner la voiture, désigne tout d’abord une des trois portes. L’animateur ouvre une des deux portes restantes, derrière laquelle se trouve une des deux vaches en carton. Le candidat a maintenant le choix. Il peut ouvrir soit la porte qu’il a désignée au début, soit celle des deux autres portes que l’animateur a laissé fermée.
Il y a quatre stratégies possibles:
-Monsieur Doof, qui pense que l’animateur cherche à le rouler, décide de ne modifier son premier choix en aucun cas. Mais ce premier choix, auquel M.Doof s’attache plus que de raison, a été fait au hasard entre trois portes. M.Doof n’a donc qu’une chance sur trois de recevoir la voiture.
-La Comtesse von und zu Fall décide d’ignorer son premier choix et de s’en remettre totalement au hasard pour son choix définitif. Comme elle choisit après que l’animateur a exclu une des portes, elle a une chance sur deux de gagner.
-Madame Kluge spécule sur le fait qu’il y a deux chances sur trois que, derrière la première porte qu’elle désigne, se trouve une vache en carton. Si elle est bien tombée sur la vache espérée, Mme Kluge est alors sure de gagner. L’animateur ouvrira celle des deux portes restantes derrière laquelle se trouve l’autre vache en carton, et Mme Kluge ouvrira celle derrière laquelle se trouve la voiture.
-Monsieur Hoover a corrompu les organisateurs de l’émission et sait où se trouve la bonne porte. Il a cent pour cent de chances de gagner.
En fait, tout dépend de la manière dont les candidats utilisent l’information. Les joueurs non-corrompus obtiennent de l’animateur deux informations. Premièrement, ils apprennent la position d’une des deux vaches en carton. Deuxièmement, ils savent que l’animateur a une liberté limitée, vu qu’il s’interdit d’ouvrir la porte choisie par le candidat au premier tour. Ce n’est que dans un cas sur trois que l’animateur peut choisir entre les deux vaches en carton (lorsque le candidat a désigné la porte derrière laquelle se trouve la voiture) et c’est justement dans ce cas que Mme Kluge perd, parce qu’elle a misé sur les deux cas où l’animateur est parfaitement calculable. La Comtesse von und zu Fall, quant à elle, a négligé la deuxième information, et M.Doof, lui, a négligé à la fois la première et la deuxième.
La Comtesse von und zu Fall croit qu’elle a des chances égales quelle que soit la porte qu’elle ouvre, ce qui aboutirait à un paradoxe dans le cas où elle ouvrirait la même porte que Mme Kluge: l’une aurait une chance sur deux de gagner et l’autre deux sur trois, alors même qu’elles sont en train d’ouvrir la même porte!
Pour ne pas se laisser leurrer par cette contradiction apparente, il faut garder à l’esprit que la probabilité doit se calculer non pas après, mais avant qu’on choisisse.
La Comtesse von und zu Fall a en fait une chance sur deux d’ouvrir la même porte que Mme Kluge, auquel cas elle a deux chance sur trois de gagner. Ce qui veut dire qu’il y a deux chances sur six que la Comtesse von und zu Fall gagne en jouant sans le savoir comme Mme Kluge. Parallèlement, elle a une chance sur six de gagner en jouant comme M.Doof. Au total, elle a bel et bien une chance sur deux.
Il ne faut pas croire qu’il y a deux chances sur trois que la voiture se trouve derrière une porte et une chance sur trois qu’elle se trouve derrière l’autre, nous dira M.Hoover. Les choses sont beaucoup plus simples: il y a 100% de probabilité que la voiture se trouve derrière la bonne porte.
Il n’y a là non plus aucune contradiction: Mme Kluge a deux chances sur trois de jouer sans le savoir comme M.Hoover et d’avoir 100% de chances de gagner. Ce qui au total fait toujours deux tiers.
Il y a quatre stratégies possibles:
-Monsieur Doof, qui pense que l’animateur cherche à le rouler, décide de ne modifier son premier choix en aucun cas. Mais ce premier choix, auquel M.Doof s’attache plus que de raison, a été fait au hasard entre trois portes. M.Doof n’a donc qu’une chance sur trois de recevoir la voiture.
-La Comtesse von und zu Fall décide d’ignorer son premier choix et de s’en remettre totalement au hasard pour son choix définitif. Comme elle choisit après que l’animateur a exclu une des portes, elle a une chance sur deux de gagner.
-Madame Kluge spécule sur le fait qu’il y a deux chances sur trois que, derrière la première porte qu’elle désigne, se trouve une vache en carton. Si elle est bien tombée sur la vache espérée, Mme Kluge est alors sure de gagner. L’animateur ouvrira celle des deux portes restantes derrière laquelle se trouve l’autre vache en carton, et Mme Kluge ouvrira celle derrière laquelle se trouve la voiture.
-Monsieur Hoover a corrompu les organisateurs de l’émission et sait où se trouve la bonne porte. Il a cent pour cent de chances de gagner.
En fait, tout dépend de la manière dont les candidats utilisent l’information. Les joueurs non-corrompus obtiennent de l’animateur deux informations. Premièrement, ils apprennent la position d’une des deux vaches en carton. Deuxièmement, ils savent que l’animateur a une liberté limitée, vu qu’il s’interdit d’ouvrir la porte choisie par le candidat au premier tour. Ce n’est que dans un cas sur trois que l’animateur peut choisir entre les deux vaches en carton (lorsque le candidat a désigné la porte derrière laquelle se trouve la voiture) et c’est justement dans ce cas que Mme Kluge perd, parce qu’elle a misé sur les deux cas où l’animateur est parfaitement calculable. La Comtesse von und zu Fall, quant à elle, a négligé la deuxième information, et M.Doof, lui, a négligé à la fois la première et la deuxième.
La Comtesse von und zu Fall croit qu’elle a des chances égales quelle que soit la porte qu’elle ouvre, ce qui aboutirait à un paradoxe dans le cas où elle ouvrirait la même porte que Mme Kluge: l’une aurait une chance sur deux de gagner et l’autre deux sur trois, alors même qu’elles sont en train d’ouvrir la même porte!
Pour ne pas se laisser leurrer par cette contradiction apparente, il faut garder à l’esprit que la probabilité doit se calculer non pas après, mais avant qu’on choisisse.
La Comtesse von und zu Fall a en fait une chance sur deux d’ouvrir la même porte que Mme Kluge, auquel cas elle a deux chance sur trois de gagner. Ce qui veut dire qu’il y a deux chances sur six que la Comtesse von und zu Fall gagne en jouant sans le savoir comme Mme Kluge. Parallèlement, elle a une chance sur six de gagner en jouant comme M.Doof. Au total, elle a bel et bien une chance sur deux.
Il ne faut pas croire qu’il y a deux chances sur trois que la voiture se trouve derrière une porte et une chance sur trois qu’elle se trouve derrière l’autre, nous dira M.Hoover. Les choses sont beaucoup plus simples: il y a 100% de probabilité que la voiture se trouve derrière la bonne porte.
Il n’y a là non plus aucune contradiction: Mme Kluge a deux chances sur trois de jouer sans le savoir comme M.Hoover et d’avoir 100% de chances de gagner. Ce qui au total fait toujours deux tiers.
10 novembre 2011
La droite Pinocchio contre le salaire minimum
La droite a décidé d'attaquer... par la gauche. Voilà ce qui se passe en ce moment dans les cantons de Genève et Neuchâtel, qui voteront simultanément, le 27 novembre, sur un salaire minimum cantonal.
A Genève, l'affiche du Mouvement Citoyen Genevois (MCG) affirme: «NON au SMIC à la française qui va faire baisser tous les salaires». L'initiative est également combattue par un, excusez du peu, «Comité contre la baisse des salaires».
A Neuchâtel, les électeurs ont découvert dans leur boîte aux lettres un tract au titre des plus étonnants: «Salaire minimum fixé par l'Etat à 2'500 francs? Non merci, c'est indécent!» Dans ce brûlot «ultra-gauchiste» de la CNCI (Chambre neuchâteloise du commerce et de l’industrie) et de l’UNAM (Union cantonale neuchâteloise des arts et métiers), on lit aussi que le salaire minimum entraîne «une baisse généralisée des salaires». On se demande bien par quelle mystérieuse contagion l'ensemble des rémunérations devrait être tiré vers le bas. Certes, le tract nous apprend qu’en France, lors de l'introduction du SMIC il y a plus de 30 ans, «environ 10% des travailleurs étaient payés à ce niveau-là. Ils sont actuellement plus de 16%.» Pourtant, aucune loi n'empêche les patrons français d'augmenter ces salaires. En revanche, s'ils avaient le droit de les diminuer, on peut supposer que certains utiliseraient cette possibilité. Les pourfendeurs du SMIC se focalisent sur l'exemple français et ne font jamais référence à l'Allemagne, où l'absence de salaire minimum a ouvert la porte aux pires excès, au point que même la très conservatrice CDU d'Angela Merkel est en passe d'introduire un salaire minimum qui devrait se situer autour de 8 euros de l'heure. Dans Le Temps du 31 octobre, on lit que «cinq millions de salariés touchent des salaires dérisoires. Les cas de coiffeuses payées deux euros de l’heure ou de femmes de chambre gagnant un euro par chambre nettoyée dans les hôtels ont défrayé la chronique ces derniers temps, provoquant la colère de l’opinion.» Il serait curieux de savoir ce que la droite à Neuchâtel et à Genève pense d'Angela Merkel. La suspectent-ils, par le plus terrible des machiavélismes, de vouloir introduire le salaire minimum afin de faire baisser les salaires allemands, faisant ainsi de son pays un compétiteur encore plus redoutable pour l'Europe du Sud?
Raphaël Comte bientôt syndicaliste?
Sidéré par une pareille mauvaise foi, nous avons demandé à quelques personnalités de la droite si elles cautionnaient le tract invraisemblable des patrons neuchâtelois. Seuls le conseiller d’Etat Thierry Grosjean et le président de la Ville de Neuchâtel Alain Ribaux ont eu l'intelligence de prendre leurs distances, en affirmant toutefois, sans beaucoup d'arguments, que la propagande de la gauche ne valait pas mieux que celle de la droite. Des réponses d’autres élus, ainsi que de l'analyse des débats au Grand Conseil, il faut tirer la conclusion que la droite neuchâteloise, dans son écrasante majorité, prétend réellement croire à l'abracadabrantesque théorie selon laquelle le salaire minimum représenterait un danger pour le niveau de rémunération des travailleurs. A moins que tous ces gens soient victimes d'une hallucination collective, il faut en déduire qu'il s'agit d'une stratégie délibérément mensongère. Quant au conseiller aux Etats libéral-radical Raphaël Comte, il reconnaît que la situation des travailleurs non couverts par les conventions collectives peut poser problème. Toutefois, il estime que le salaire minimum n'est pas la solution et préconise une meilleure organisation des partenaires sociaux afin que tous les secteurs puissent être conventionnés. On doit donc conseiller vivement aux syndicats de l'engager, lui qui affirme clairement que tout le monde doit bénéficier d'un salaire décent. Peut-être parviendra-t-il à faire augmenter le taux de syndicalisation...
Une négligence bénigne de solidaritéS et de la gauche
Malgré toute la monstruosité du tract patronal, on peut malgré tout, sur un point, lui donner partiellement raison. Il renvoie à un arrêt du Tribunal fédéral selon lequel «le salaire minimum devrait se situer à un niveau relativement bas, proche du revenu minimal résultant des systèmes d'assurance ou d'assistance sociale, sous peine de sortir du cadre de la "politique sociale" pour entrer dans celui de la "politique économique" et, donc, d'être contraire à la liberté économique». Or, la documentation de solidaritéS ne fait pas mention de cet arrêt du Tribunal fédéral, qui annulait l’invalidation par le Grand Conseil genevois de l’initiative pour un salaire minimum déposée dans ce canton par solidaritéS, justement. Bien entendu, les militants de solidaritéS veulent vraiment un salaire minimum à 4’000 francs et leur recommandation de vote va vraiment dans ce sens. Ils ne disent donc pas l'exact inverse de ce qu'ils pensent et leur négligence bénigne n'est pas du tout à mettre sur le même plan que l'hypocrisie patronale. Malgré tout, si la gauche veut vraiment améliorer le niveau de culture politique, il convient de dire toute la vérité aux citoyens, sans faire miroiter des promesses qui ne peuvent être tenues.
A Genève, l'affiche du Mouvement Citoyen Genevois (MCG) affirme: «NON au SMIC à la française qui va faire baisser tous les salaires». L'initiative est également combattue par un, excusez du peu, «Comité contre la baisse des salaires».
A Neuchâtel, les électeurs ont découvert dans leur boîte aux lettres un tract au titre des plus étonnants: «Salaire minimum fixé par l'Etat à 2'500 francs? Non merci, c'est indécent!» Dans ce brûlot «ultra-gauchiste» de la CNCI (Chambre neuchâteloise du commerce et de l’industrie) et de l’UNAM (Union cantonale neuchâteloise des arts et métiers), on lit aussi que le salaire minimum entraîne «une baisse généralisée des salaires». On se demande bien par quelle mystérieuse contagion l'ensemble des rémunérations devrait être tiré vers le bas. Certes, le tract nous apprend qu’en France, lors de l'introduction du SMIC il y a plus de 30 ans, «environ 10% des travailleurs étaient payés à ce niveau-là. Ils sont actuellement plus de 16%.» Pourtant, aucune loi n'empêche les patrons français d'augmenter ces salaires. En revanche, s'ils avaient le droit de les diminuer, on peut supposer que certains utiliseraient cette possibilité. Les pourfendeurs du SMIC se focalisent sur l'exemple français et ne font jamais référence à l'Allemagne, où l'absence de salaire minimum a ouvert la porte aux pires excès, au point que même la très conservatrice CDU d'Angela Merkel est en passe d'introduire un salaire minimum qui devrait se situer autour de 8 euros de l'heure. Dans Le Temps du 31 octobre, on lit que «cinq millions de salariés touchent des salaires dérisoires. Les cas de coiffeuses payées deux euros de l’heure ou de femmes de chambre gagnant un euro par chambre nettoyée dans les hôtels ont défrayé la chronique ces derniers temps, provoquant la colère de l’opinion.» Il serait curieux de savoir ce que la droite à Neuchâtel et à Genève pense d'Angela Merkel. La suspectent-ils, par le plus terrible des machiavélismes, de vouloir introduire le salaire minimum afin de faire baisser les salaires allemands, faisant ainsi de son pays un compétiteur encore plus redoutable pour l'Europe du Sud?
Raphaël Comte bientôt syndicaliste?
Sidéré par une pareille mauvaise foi, nous avons demandé à quelques personnalités de la droite si elles cautionnaient le tract invraisemblable des patrons neuchâtelois. Seuls le conseiller d’Etat Thierry Grosjean et le président de la Ville de Neuchâtel Alain Ribaux ont eu l'intelligence de prendre leurs distances, en affirmant toutefois, sans beaucoup d'arguments, que la propagande de la gauche ne valait pas mieux que celle de la droite. Des réponses d’autres élus, ainsi que de l'analyse des débats au Grand Conseil, il faut tirer la conclusion que la droite neuchâteloise, dans son écrasante majorité, prétend réellement croire à l'abracadabrantesque théorie selon laquelle le salaire minimum représenterait un danger pour le niveau de rémunération des travailleurs. A moins que tous ces gens soient victimes d'une hallucination collective, il faut en déduire qu'il s'agit d'une stratégie délibérément mensongère. Quant au conseiller aux Etats libéral-radical Raphaël Comte, il reconnaît que la situation des travailleurs non couverts par les conventions collectives peut poser problème. Toutefois, il estime que le salaire minimum n'est pas la solution et préconise une meilleure organisation des partenaires sociaux afin que tous les secteurs puissent être conventionnés. On doit donc conseiller vivement aux syndicats de l'engager, lui qui affirme clairement que tout le monde doit bénéficier d'un salaire décent. Peut-être parviendra-t-il à faire augmenter le taux de syndicalisation...
Une négligence bénigne de solidaritéS et de la gauche
Malgré toute la monstruosité du tract patronal, on peut malgré tout, sur un point, lui donner partiellement raison. Il renvoie à un arrêt du Tribunal fédéral selon lequel «le salaire minimum devrait se situer à un niveau relativement bas, proche du revenu minimal résultant des systèmes d'assurance ou d'assistance sociale, sous peine de sortir du cadre de la "politique sociale" pour entrer dans celui de la "politique économique" et, donc, d'être contraire à la liberté économique». Or, la documentation de solidaritéS ne fait pas mention de cet arrêt du Tribunal fédéral, qui annulait l’invalidation par le Grand Conseil genevois de l’initiative pour un salaire minimum déposée dans ce canton par solidaritéS, justement. Bien entendu, les militants de solidaritéS veulent vraiment un salaire minimum à 4’000 francs et leur recommandation de vote va vraiment dans ce sens. Ils ne disent donc pas l'exact inverse de ce qu'ils pensent et leur négligence bénigne n'est pas du tout à mettre sur le même plan que l'hypocrisie patronale. Malgré tout, si la gauche veut vraiment améliorer le niveau de culture politique, il convient de dire toute la vérité aux citoyens, sans faire miroiter des promesses qui ne peuvent être tenues.
09 novembre 2011
Avions de combats: un peu de sérieux svp 2
J'entends depuis vingt ans un argument certes vrai, mais pourtant totalement absurde : les dépenses militaires créent des emplois. En voyant que le Courrier du 8 novembre proposait une interview de Guy Pamerlin concernant les avions de combats, je savais, avant même de lire l'article, que ce non-sens ridicule allait nous être infligé une fois de plus, alors qu'il aurait dû être banni du débat politique depuis des lustres. Je vais vous confier le scoop du siècle, n'oubliez pas de le dire à M.Pamerlin : quand on dépense de l'argent, cela donne du travail. Si je n'attends rien de bien d'un politicien UDC, je suis déçu que les deux journalistes du Courrier, Arnaud Crevoisier et Jérôme Cachin, ne l'aient pas cuisiné un peu plus: "Expliquez-nous donc, M.Pamerlin, pourquoi l'argent dépensé pour l'armement créerait plus d'emplois que la même somme investie dans un autre secteur? Vous dites que dans le cas de l'industrie militaire, il s'agit d'emplois de haut niveau technologique, mais n'êtes-vous vraiment pas au courant que la recherche scientifique manque justement de moyens?"
03 novembre 2011
Contre-vérités au sujet du salaire minimum
J'ai été littéralement stupéfait en lisant l'article de Marc Moulin dans le Temps du 2 novembre. En effet, pour recommander le « non » au salaire minimum, les opposants genevois invoquent les mêmes arguments ahurissants que les organisations patronales neuchâteloises, dont le tract m'avait déjà profondément choqué deux jours auparavant. Rappelons que le même objet passe en votation dans les deux cantons en même temps, le 27 novembre. A Neuchâtel comme à Genève, les opposants tentent de faire croire au public non informé que le salaire minimum pourrait s'appliquer aux travailleurs dont la rémunération est actuellement plus élevée. Il est invraisemblable que certains patrons de notre pays osent proférer de pareilles contre-vérités : le projet prévoit uniquement d'interdire les salaires trop bas. Pour le reste, la liberté de négocier les salaires reste entière et aucune limite vers le haut n'est prévue pour l'instant, pas même pour les grands patrons (espérons que cela sera pour une autre fois). Pourtant, les opposants neuchâtelois comme genevois évoquent des « salaires fixés par l'Etat » et le député PDC Fabiano Forte ose parler de « salaire communiste ». S'il avait lu le Temps du 31 octobre (article de Nathalie Versieux), il saurait que même la CDU allemande (Christlich-demokratische Union, soit l'équivalent du PDC), a pris parti pour le salaire minimum. M.Forte imagine-t-il vraiment qu'Angela Merkel puisse être communiste ?
Lettre de lecteur envoyée au Temps
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