Ce blog rassemble pour l'essentiel mes textes parus dans la presse suisse romande, notamment dans l'Impartial/l'Express, Gauchebdo, le Courrier, Domaine public et le Temps.

23 juillet 2011

La Grèce ou les banques: qui sauve-t-on?

En grec, «langue de bois » pourrait se traduire par « xyloglossie ». C'est ce que pratique largement la presse en ânonnant que les dirigeants européens se sont mis d'accord, jeudi 21 juillet, pour « sauver la Grèce ». En réalité, on va continuer à imposer à ce pays une politique d'austérité qui va bloquer son économie pour de longues années. Ce qu'on a sauvé, c'est une fois de plus les banques, qui, grâce à la générosité des contribuables européens, ne vont perdre que 20% de l'argent qu'elles avaient prêté à la Grèce et que ce pays ne peut pas rembourser. Quel beau métier que banquier: encaissez les bénéfices quand vous faites de bonnes affaires et faites vous indemniser par l'Etat quand vous en faites de mauvaises!

06 juillet 2011

Entre Mark Muller et son proprio, choisissons le peuple !

On se scandalise que le magistrat genevois Mark Muller ne paie que 2000 francs pour un sept pièces au centre de Genève, loyer qui serait pourtant normal dans d’autres régions du pays. Voilà qui met en lumière le décalage entre deux façons d’estimer le « juste prix » d’un logement : d’un côté, le coût de la construction de l’immeuble et de l’achat du terrain à l’époque ; de l’autre, le jeu de l’offre et de la demande. La différence entre les deux est à la source d’importants profits immérités pour les investisseurs de l’immobilier, même dans une ville comme la Chaux-de-Fonds, réputée pour ses bas loyers. Comparez maintenant les loyers de Genève et de La Chaux-de-Fonds : la différence correspond à un surprofit de plusieurs milliers de francs par locataire. Ce sont ces sommes gigantesques, astronomiques et invraisemblables que les spéculateurs genevois se sont mis et continuent à se mettre dans la poche au cours des ans, que ce soit en encaissant des loyers ou en revendant avec profits, au fil des ans, terrains et immeubles.

On sait que le blocage des prix engendre souvent des files d’attentes, comme celles, proverbiales, des pays autrefois « communistes » d’Europe de l’Est. De même, bloquer les loyers encourage les gens à s’accrocher à leurs logements, même trop grands, et contribue ainsi à aggraver la pénurie. Il n’est donc pas forcément idiot d’adapter les loyers au jeu de l’offre et de la demande. Mark Muller n’a pas vraiment tort de penser que son propre loyer est trop bon marché. Pourtant, nul ne prétend que le propriétaire du logement en question perd de l’argent. Voudrait-on vraiment qu’il encaisse 20 000 francs de loyer en plus par année, sans lever le petit doigt ?

Entre privilégier Mark Muller ou son propriétaire, je préfère quant à moi que l’argent soit rendu à la population. Qu’on adapte la législation pour que dans tous les cas semblables, l’Etat encaisse la différence entre prix coûtant du logement et prix du marché! Cette manne pourrait, entre autres choses, être redistribuée sous forme d’aide au logement ciblée pour ceux qui en ont besoin, dont Mark Muller ne fait à l’évidence pas partie.