Ce blog rassemble pour l'essentiel mes textes parus dans la presse suisse romande, notamment dans l'Impartial/l'Express, Gauchebdo, le Courrier, Domaine public et le Temps.

25 mars 2009

Péclet et la défense hypocrite des rentiers

Défendre les rentiers du capital en faisant semblant de défendre le mérite des travailleurs : c’est dans ce travers commun que tombe Jean-Claude Péclet dans son éditorial du 19 mars. En effet, M.Péclet s’inquiète du « risque de passer d’une extrême à l’autre ». Il trouve paradoxal que l’on s’attaque aux riches alors qu’ils sont « plus touchés que les classes moyennes par la chute des marchés ». Car pour lui, « le plus important pour celui qui part dans bas, est la possibilité de gravir les échelons s’il en montre l’énergie et la ténacité ».
A aucun moment, M.Péclet ne fait de distinction entre l’enrichissement par le travail et l’enrichissement par l’argent, qui est pourtant le cœur du problème. Un million bien placé peut rapporter l’équivalent du salaire d’un travailleur. De quel droit ? Pourquoi ne pourrait-on pas organiser la société autrement ? Quel rapport entre la rente de celui qui se contente de placer son argent et le travail, la récompense, le mérite, l’esprit d’entreprise ? On me répond sans cesse que ce million qui rapporte des profits, il a bien fallu le gagner d’abord par la sueur. Si c’est le cas bravo, mais le travail en question mérite-t-il vraiment d’être payé une deuxième fois sous forme de profits ? Et puis qui osera prétendre que toutes les fortunes sont le résultat d’un travail honnête, plutôt qu’héritée du trafic d’esclave des temps passés ou acquises plus récemment par le trafic de drogue ? Lorsque la valeur d’un terrain est multipliée par dix grâce à l’essor économique d’une ville, pourquoi cette plus value revient-elle au propriétaire du terrain, qui n’a fourni aucun travail, plutôt qu’à l’ensemble des habitants ?
Sans aller jusqu’à des « extrêmes » socialistes qui ne sont pas à l’ordre du jour, je suis sûr que M.Péclet lui-même conviendra qu’une imposition plus élevée des revenus de l’argent et des gains spéculatif permettrait d’offrir une fiscalité plus basse et des taux d’intérêts privilégiés aux entrepreneurs tenaces qui veulent s’enrichir tout en fournissant un travail utile à la société.

21 mars 2009

Subvention communale pour les lave-vaisselle


« Le métal que nous récupérons n’est pas assez propre ! » C’est ce que le Conseil communal de La Chaux-de-Fonds, présent in corpore hier soir à Espacité, tenait à faire savoir à la population. Cause du problème : les gens ne lavent pas assez bien les boîtes de conserves usagées. Beaucoup se contentent de nettoyer à la main, alors que les instructions figurant sur les bennes de récupération sont pourtant sans ambiguïté, comme nos lecteurs pourront le vérifier sur la photo ci-contre.  « Beaucoup trop de bactéries  survivent sans aucune difficulté à un lavage à la main et sécrètent ensuite des acides qui rendent problématique la cohésion du métal en fusion ». Pour assurer un recyclage optimal, le lave-vaisselle est indispensable.
Malgré tout, nos autorités reconnaissent qu’il n’est pas à la portée de tous d’accomplir ce devoir civique. « Il faut bien se rendre compte que tout le monde n’a pas les moyens de s’acheter un lave-vaisselle », nous a rappelé un conseiller communal, « la Ville serait mal venue de faire la morale à ces gens sans leur donner les moyens d’agir ». Raison pour laquelle les personnes qui ne posséderaient pas encore de lave-vaisselle et auraient des difficultés à en acheter un peuvent dès à présent d’adresser à l’administration communale, qui leur octroiera, selon leur situation, des aides ciblées sous forme de prêts ou de dons. 

Non publié

Capital et travail: qui mérite quoi?


Défendre les privilèges en faisant semblant de défendre le mérite de ceux qui travaillent dur : c’est dans ce travers commun que tombe Jean-Claude Péclet dans son éditorial du 19 mars. En effet, M.Péclet trouve paradoxal que l’on s’attaque aux riches alors qu’ils sont « plus touchés que les classes moyennes par la chute des marchés ». Car pour lui, « le plus important pour celui qui part dans bas, est la possibilité de gravir les échelons s’il en montre l’énergie et la ténacité ».
A aucun moment, M.Péclet ne fait de distinction entre l’enrichissement par le travail et l’enrichissement par l’argent, alors que c’est bien ce dernier qui est la cause de la plus grande partie des inégalités. Un million bien placé peut rapporter l’équivalent du salaire d’un travailleur. De quel droit ? Pourquoi ne pourrait-on pas organiser la société autrement ? Quel rapport entre la rente de celui qui se contente de placer son argent et le travail, la récompense, le mérite, l’esprit d’entreprise ? On me répond sans cesse que ce million qui rapporte des profits, il a bien fallu le gagner d’abord par la sueur. Si c’est le cas bravo, mais le travail en question mérite-t-il vraiment d’être payé une deuxième fois sous forme de profits ? Et puis qui osera prétendre que toutes les fortunes sont le résultat d’un travail honnête, plutôt qu’héritée du trafic d’esclave des temps passés ou acquises plus récemment par le trafic de drogue ? Lorsque la valeur d’un terrain est multipliée par dix grâce à l’essor économique d’une ville, pourquoi cette plus value revient-elle au propriétaire du terrain, qui n’a fourni aucun travail, plutôt qu’à l’ensemble des habitants ?
Sans aller jusqu’à des « extrêmes » socialistes qui ne sont pas à l’ordre du jour, j’espère que M.Péclet lui-même conviendra qu’une imposition plus élevée des revenus de l’argent et des gains spéculatif permettrait d’offrir une fiscalité plus basse et des taux d’intérêts privilégiés aux entrepreneurs tenaces qui veulent s’enrichir tout en fournissant un travail utile à la société. 

15 mars 2009

Endettement : agir à la source du problème



L’impartial et l’Express du 13 mars nous apprennent que nous sommes «
champions de Suisse » de l’endettement et que le conseiller d’Etat
Roland Débely veut « comprendre les mécanismes », puis « définir des
mesures » pour « atténuer les effets néfastes». On peut pourtant se
demander si le gouvernement cantonal ne devrait pas commencer par
balayer devant sa porte. Rappelons en effet qu’il a renoncé à
introduire un prélèvement à la source de l'impôt alors que les retards
de payement sont une cause importante de paupérisation, même pour les
« bons contribuables ». Ayant moi-même aidé les gens à remplir leurs
feuilles d’impôts au secrétariat du POP (qui est spécialisé dans cette
tâche depuis pas mal d’années), j’en ai rencontrés beaucoup qui ne
savaient pas que les bulletins de versement qu’ils reçoivent au cours
de l’année ne reposent que sur des estimations. Ayant tout payé
ponctuellement, ces contribuables expriment une stupéfaction
désespérée lorsque je leur explique qu’ils devront encore verser des
milliers de francs. L’Etat devrait, au strict minimum, mieux informer
les populations à risque : jeunes en fin de formation, étrangers qui
obtiennent un permis C (et ne sont donc plus imposés à la source comme
les permis B), chômeurs dont le revenu augmentera lorsqu’ils
retrouveront du travail.
L’autre source d’endettement importante est bien sûr le petit crédit.
Là encore, la volonté affichée par le Conseil d’Etat contraste avec
les affiches publicitaires omniprésentes qui incitent les gens à
s’endetter à des taux d’intérêts très élevés, alors que dans bien des
cas d’autres solutions existent (par exemple, négocier des facilités
de payement avec le dentiste coûte moins cher que d’emprunter à 12%).
La publicité jouant un rôle très important dans l’éducation de la
population, il semble évident que des messages incitant les gens à se
mettre dans la m… devraient être interdits. Si M.Debély voulait nous
convaincre de sa bonne foi, il devrait prendre clairement position en
faveur d’une loi fédérale allant dans ce sens.